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Copies d'élèves 2014/2015 - Ecriture d'invention romanesque 2nde 4

Vers l'écriture d'invention (sujet de type III du bac).

 

Sujet (à coller sur votre feuille double) : après l'étude du GT1 (Les débuts de romans), vous rédigerez à votre tour un incipit régi par les consignes suivantes :

 

·        votre production sera de registre réaliste.

·        Elle mêlera types narratif et descriptif (vous veillerez à utiliser les outils stylistiques propres à ces deux types de texte).

·        Votre incipit respectera les codes romanesques traditionnels (fonctions informative et « apéritive »).

·        Vous expliciterez la focalisation que vous aurez choisie :

1.     focalisation zéro ;

2.     focalisation interne ;

3.     alternance des deux : dans ce cas, vous signalerez le(s) changement(s) de focalisation à l'aide d'une croix rouge dans la marge, au niveau de ces changements, tout en indiquant les focalisations dans la marge.

·         Toute référence culturelle pertinente est valorisée.

·         Le site de Lettres du CIV propose des copies d’élèves ayant eu à traiter le même sujet, au cours des années précédentes.

 

               

Devoir de Léonore S. :

[Focalisation zéro]

     En ce froid, mordant et piquant matin du 16 janvier 1842, Clara De Bicotier, de son nom de jeune fille Clara Mimot, venait de quitter pour le Cotentin la capitale française où elle avait résidé cinq ans durant en la rare et peu courtoise compagnie de son mari, Jules De Bicotier.
Dernier fils d’une famille nouvellement riche, s’étant, l’espace d’un battement de cil, embourgeoisée jusqu’aux yeux, ce cadet fut dès lors délaissé, presque à la lie de la société.
Il était brun et portait une moustache qu’on ne pouvait apercevoir que dans les salons tant prisés que bondés de brillants intellectuels, croyant se donner un abord sérieux comme impérieux alors qu’elle ne faisait qu’amplifier l’aspect d’un mauvais rasage qui rendait Monsieur tout à fait misérable.
Ses larges épaules lui auraient assuré de gagner honnêtement sa vie de ses mains mais cela n’était pas du goût de notre homme qui préférait s’abandonner aux luxes de la vie parisienne, dilapidant la dot bien grasse qu’il avait négocié avec le père Mimot, s’endettant de tous côtés et devenant de la sorte un grand homme puisque, comme tout un chacun le sait, la grandeur d’un homme se mesure au nombre d’ennemis qu’il se fait.
En outre, le bougre se serait bien gardé de quelque discrétion dans ses affaires. Il venait retrouver la pauvre Clara chaque matin aux alentours de huit heures, montant les marches qui menaient au septième étage, niveau qu’ils occupaient faute de pouvoir s’installer dans de meilleures conditions que celles des chambres de bonnes, braillant à l’instar d’un porc qu’on égorgerait, puant la liqueur à plein nez, les poches garnies de factures et les yeux embrumés de fatigue. Il s’effondrait ensuite sur le lit où reposait une couverture déguenillée et vétuste, n’en sortant que douze heures plus tard, retournant à sa sensuelle vie fêtarde.
Cette cadence de vie ne s’accordait pas à celle de Clara qui s’était fait une obligation de payer les redevances de son époux, méprisé de tout Paris.
Les yeux de la belle s’empourpraient au fil des nuits dépourvues de repos jusqu’à s’assortir à la teinte rubigineuse de ses cheveux mal tenus. Des cernes creusaient son regard livide, exténué, sur sa peau hyaline. Ses mains meurtries à l’usine tremblaient d’épuisement sur son tablier moucheté de graisses. Elle n’était pas grande et disposait encore d’un visage enfantin malgré ses vingt-cinq années qui ne l’avaient pas tout à fait préparée à la pénible existence que lui valait ce mariage. On lui avait promis une vie de lumières, de quoi faire croître sa suffisance mais cette utopie s’annihila dès son arrivée à Paris : elle n’obtint que des désillusions en entrant dans la capitale qu’on lui avait dite lumineuse et qu’elle ne trouva que sordide. Les utopies ne sont que des rêves et tous s’évanouissent au réveil.
Un matin, son mari ne rentra pas, ni le lendemain, et il en fut ainsi au cours d’une semaine. Privée de nouvelle de son époux, Clara s’en alla prendre contact auprès des autorités, lesquelles ne firent pas grand cas de son affaire.
Suivant les conseils de voisines trop bavardes et d’amies naissantes, le 16 janvier, elle était partie.
Clara laissa derrière elle une lettre adressée à Jules, l’informant de son départ et espérant que jamais il ne lirait ces lignes.
Au bout d’une journée de route dans la givre, Clara arriva à la maison de son frère, parti à l’occasion du voyage de noce de son deuxième mariage. C’était à Port-Bail, dans une vieille ferme à moitié restaurée dont cloisons et fondations buvaient l’eau salée des hautes-slikkes gavées de salicorne à laquelle s’acculait la bâtisse où Clara vivait désormais et se présentant au voisinage sous le nom de Mimot.
A chaque grande marée, le jardin et la cuisine étaient inondés. Le froid normand se glissait entre chaque pierre, dans la chaux trempée par le vent salin. Une odeur âcre de papier que le temps n’avait que trop travaillé saisissait la gorge dès que l’on passait le seuil.

[focalisation interne]

Quoiqu’il en fût été, Clara se plaisait à Port-Bail et éprouvait une certaine liberté à la campagne qui lui avait été enlevée dans la géante citadine qu’elle recouvrait petit à petit. Elle affectionnait particulièrement une action quotidienne qu’était celle d’aller chercher son eau à la pompe chaque matin et son bien-être lorsqu’elle marchait sur le chemin des douaniers était à son paroxysme, au bord de la falaise qui se jetait dans la Manche en de roches acérées et tranchantes sur lesquelles venaient s’éventrer les vagues. Voir se déchaîner au loin les éléments tout en se sentant en sécurité comme dans une chrysalide, simplement observer, exaltait l’ensemble de ses sens. Clara se sentait renaître. Sortir d’un monde sombre et immergé comme si elle remontait à la surface pour reprendre son souffle qui s’était affaibli en ces cinq dernières années. A chacun de ses pas sur le sentier iodé, elle ressassait ces vers de Lamartine :
« Ô temps ! Suspend ton vol et vous heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »

Les mots coulaient sur ses lèvres comme les larmes que dépose la mer dans les criques. Un long soupir venait ponctuer et achever ce quatrain alors que Clara penchait sa tête en arrière, regardant le ciel gris, menaçant de se vider sur les rocs.
[Foc. zéro].
Un sourire imbécile restait figé sur son visage d’enfant.
[Foc. interne].
Un matin alors qu’elle s’en alla promener le long de la côte escarpée, elle aperçut une silhouette imposante aux larges épaules dans la brume matinale et, bien qu’elle fût sûre de l’avoir déjà vue quelque part, elle n’aurait su dire de qui il s’agissait. Faisant face à l’incertitude, Clara préféra rentrer, comme intimidée par une forme vague qui lui semblait pourtant si familière.
Au cours d’une semaine, Clara interrogea, étudia, sonda, sollicita et scruta chaque recoin de sa mémoire, cherchant en vain à trouver une identité à cette ombre qui la torturait.
[Foc. zéro]
Mais tout le monde a sans doute déjà eu affaire à ce paradoxe et nous savons bien que c’est en s’obstinant à chercher les choses que nous ne les trouvons pas et c’est uniquement lorsque l’on arrête de les chercher qu’elles surviennent soudain. Clara ne fit pas exception à cette règle universelle et, en revenant de la pompe à eau, à peine avait-elle passé le porche qu’une illumination éclaira son esprit et la convainquit que cette ombre, c’était son mari.
Elle lâcha son seau qui se déversa sur le sol encore trempé de la dernière marée en un assourdissant fracas.

Léonore S., 2nde section internationale, décembre 2014.

***

Devoir de Floriane H. :

(focalisation zéro pendant tout l’incipit)

Dans le froid de l’hiver 2004, à Lyon, Patrick Mercier était assis sur le bitume du trottoir, au croisement des rues André Philip et Mazenod. Il attendait, comme toujours, que le temps passe. Le teint livide, les cheveux filasses, il observait les passants, pressés et lui écrasant les pieds qui, quand bien même ils le remarquaient, baissaient furtivement leur regard, gênés. Mercier portait, comme à l’accoutumée, un manteau trop long, abîmé et troué et un pantalon qui lui arrivait au-dessus des chevilles. Il habillait ses pieds de vulgaires pantoufles percées laissant apparaître ses orteils glacés. Pour se réchauffer, un homme d’une certaine association dont le nom ne demeurait plus dans sa mémoire, lui avait offert une vieille couverture dégageant une odeur pestilentielle. Un petit gobelet en plastique était placé devant lui et faisait office de récipient accueillant la générosité des passants. Néanmoins, ce récipient se remplissait lentement et difficilement.
Soudain, il ressentit une brise, plus agressive que les autres, annonçant la tombée du jour et avec elle le besoin de s’abriter. Le supermarché était la seule option pour se réchauffer et se nourrir avec les quelques petites pièces récoltées dans la journée. Entré dans le magasin, il se dirigea d’abord vers le rayon « Alcools » et choisit une bouteille de vodka. Puis, il acheta une baguette et une tranche de jambon.
Ensuite, arrivé sous le haut porche où il avait l’habitude de dormir, il but et mangea : c’était son unique réconfort de la journée. Présumant qu’il était aux alentours de vingt-deux heures, et exténué par une trop longue journée, il se coucha, la tête posée sur le dur bitume froid. Il devinait les regards pleins de mépris des passants fixant cet homme différent. Comme tous les soirs, il s’endormit, bercé par le bruit de moteur des voitures, des rires et des verres trinquant dans les restaurants proches.
Le lendemain matin, réveillé par la lumière du soleil et le chahut de tous les jours il essaya vainement d’ouvrir les yeux. Il se leva ensuite puis marcha jusqu’à son emplacement au croisement des rues André Philip et Mazenod.
Tout à coup, il distingua devant lui un portefeuille en cuir marron. Il le ramassa et l’ouvrit. Il y découvrit alors plusieurs gros billets. Il n’en revenait pas : c’était un miracle !
Soudain, il aperçut, dans l’une des pochettes, une adresse :
Monsieur Pierre Martin – 5 rue Duguesclin
69 006 Lyon.

Cette rue était tout juste la parallèle d’André Philip. Avec l’adresse se trouvaient une photographie et un texte. Sur l’image, un homme sur un tabouret, la quarantaine, les cheveux gris, souriait et une petite fille coiffée de deux petites tresses blondes admirait l’homme. Elle était assise sur ses genoux.
« Pour toi mon papa que je ne peux plus voir.
Je t’aime.
                                     Lili.                                 »

Floriane H., 2nde section internationale, décembre 2014.

 

***


Devoir de Cyanna D. :

[Foc. zéro].

C'était un matin brumeux et pluvieux, dans le petit village de Giverny, en Normandie. En cette de veille du solstice d'hiver de l'année 2012, une jeune femme était assise sur un petit banc usé par le temps. Elle habitait quelques centaines de mètres plus loin, dans ce qui était probablement le plus ancien, le plus petit et certainement le plus miteux des appartements de la rue Hélène Dillon. Katherine Klas, plutôt petite et menue, dont le visage était orné de deux grands yeux azurs ahuris et cernés,était âgée de quinze ans. Ses cheveux, noirs, contrastaient avec son teint pâle. Habillée négligemment , son regard se perdait dans les Jardins de Monet. Sa silhouette avait un aspect asymétrique, du au fait qu'elle n'avait qu'un seul bras. Elle avait perdu le deuxième durant un accident.
[Foc. int.]
Chaque matin, depuis que son père avait disparu, neuf mois auparavant, Katherine trouvait refuge dans ce petit parc. Malgré ce qu'elle prétendait, par fierté et par peur de voir ses blessures se réouvrir, au fond de son cœur était logé l'espoir de le voir un jour revenir, espoir qui, à son plus grand dépit, disparaissait de jour en jour. A cette pensée, une foule de souvenirs que Katherine croyait enfouis défilèrent devant ses yeux. Comme ce jour où son père, son frère et elle avaient peint toute le journées les mêmes nymphéas que Monet avait lui aussi peint des années auparavant. Ce peintre impressionniste avait d'ailleurs contribué à la renommée de ce petit village, dans lequel des milliers de touristes venaient chaque année, pour visiter la maison de Monet, ou peindre des nymphéas dans le but médiocre de devenir célèbre.
Après avoir passé plusieurs heures sur ce même petit banc, la main de Katherine commençait à s'engourdir. Elle se leva, mais la pensée de sa mère effleura son esprit et elle décida de rester encore quelques minutes. En effet, ces neufs derniers mois, cette femme était restée sur sa chaise à se lamenter, alors que ses enfants avaient besoin de son soutien. Cette attitude égoïste évoquait chez un profond sentiment de mépris chez sa fille pour sa mère qui ne parvenait pas à se reprendre en main.
Alors que Katherine était plongée dans ses pensées, son téléphone vibra, la sortant de cette état de prostration dans lequel elle était. Le numéro de sa mère s'afficha et, s'attendant à un message sans aucun intérêt, elle décida de ne pas l'ouvrir. La jeune femme contempla les innombrables fleurs colorées mais blanchies par l'arrivée de l'hiver et les hauts arbres, qui ressembleraient bientôt à des sapins de Noël. Des hautes herbes vertes lui chatouillaient tendrement les oreilles. En face d'elle, sous un petit pont vert, délabré, flottaient des dizaines de nymphaea fanées, qui fleuriraient de nouveau dans quelques mois sur le lac vert émeraude, aujourd'hui pollué par quelques visiteurs insouciant. Soudain, elle reçut un autre appel de sa mère. Exaspérée, elle répondit: « Rentre tout de suite à la maison, lui dit sa mère ». Peut être que Katherine ne serait pas rentrée si la voix de sa mère n'avait pas eu un ton si différent de celui qu'elle employait d'ordinaire. Un mauvais sentiment s'empara soudainement d'elle, qui ne savait pas à quoi s'attendre.
Elle se précipita chez elle, courant à en perdre haleine, tentant vainement de se calmer, tandis que la pluie lui fouettait douloureusement le visage. Grimpant les escaliers grinçants et miteux quatre à quatre, elle ouvrit la porte branlante. Sa mère, déjà ridée, le teint livide, les joues creuses, se tenait devant elles. Les mêmes yeux bleus que sa fille ornaient son visage, mais ils étaient éteints, dénués de toute émotion , morts. Katherine se rappelait encore de la beauté de sa mère, qui, autrefois était séduisante, charmante, ouverte... Cependant, les lèvres de Mme Klas ne s'ouvrirent pas et l'adolescente, irritée mais quelque peu rassurée, se dirigea vers la porte en bois, en feignant la colère.
Ce fut d'un ton empli de désespoir et d'un filet de voix presque inaudible, que sa mère prononça les mots que Katherine redoutait tant: « C'est ton frère. Il a décidé de partir à son tour, pour retrouver son père. Il a décidé de ne plus revenir ». Des larmes coulèrent sur les joues de la jeune adolescente, vulnérable. Son frère était l'unique personne en qui elle avait encore confiance, qui avait pu la réconforter pendant ces neufs derniers mois. Il lui avait promis de veiller sur elle. Elle l'avait cru. Elle avait eu tort.


Cyanna D., 2nde section internationale, décembre 2014.

 

***


Devoir de Sarah T. :

Focalisation zéro

Le rythme irrégulier de la vie d’Augustin lui déplaisait. La plupart du temps, il se réveillait le matin d’un sommeil agité, dans un lieu inconnu, dans une ville différente. Il sillonnait en permanence les routes de France, voire de l'étranger. Il était évident qu’en travaillant dans un cirque, il aurait du s’attendre à cela mais après vingt ans il ne s’y était toujours pas habitué. A l’âge de vingt-deux ans en 1980, après des études de droit dans lesquelles il n’avait pas assez persévéré et qui furent un échec, il du trouver un métier. Faute d'éducation, il n’était pas devenu assez studieux et  son manque d’organisation n’arrangeait pas sa réussite dans les études.

C’est pourquoi, aujourd’hui, il se retrouvait là, devant la cage du fauve. Il vit l’affiche du cirque et la survola de ses yeux fatigués : « Le grand cirque d’été… » Il n’en lut pas plus. Il entra dans la cage et se mit comme il en avait l’habitude à ramasser les excréments, nettoyer, laver, frotter et sécher la cage et enfin peser et nourrir ce tigre majestueux qui paraissait inhabituellement agité. Cette tache accomplie, il décida de se reposer dans le bistrot d’à côté.
Le chapiteau avait été monté dans le parc Jean Moulin qui se développait autour d’une marre, situé en périphérie du centre d’Aubagne. Le vrombissement des voitures venant de l’avenue du 21 août 1944, recouvrait la symphonie des cigales par cette journée ensoleillée mais l’odeur du thym et de la Provence qui flottait dans l’air était toujours présente. Un cours d’eau parcourait le parc et apportait une certaine fraîcheur lors de ce mois pesant de chaleur.

Dans un signe de nervosité et de timidité, Augustin passa sa main moite dans ses cheveux fins et noir aux reflets cendrés et commanda un Pastis. Déçu de sa vie, de ces modestes revenus et de n’avoir pu fonder de famille, il avait tendance à se consoler avec l’alcool. Et cette amertume s’exprimait sur sa figure. Il paraissait plus vieux que son âge, ses rides étaient bien creusées, ainsi que ses pommettes et ses cernes sous ces yeux verts. Son regard était perdu dans le vide. Il se mit à marcher et distingua au loin les hautes collines recouvertes de verdure dans lesquelles avait grandi marcel Pagnol. Il avait admiré cet auteur et avait lu ces romans tel que Le château de ma mère, La gloire de mon père et beaucoup d’autres. En effet la lecture lui avait permis  de rêver et de s’évader de ce monde monotone. En revanche, il n’avait pas apprécié les livres d’Histoire et ne se rappelait que vaguement l’unificateur de la résistance, Jean Moulin et la guerre de 39-45.

Augustin se remémorait ses souvenirs d’enfance, cette période d’innocence qu’il regrettait. Une tristesse mélangée à de l’angoisse l’envahit et il se courba sur lui-même. Il continua à marcher d’un pas nonchalant, traînant ses bottes et le dos recourbé jusqu’au chapiteau. Il passa devant les éléphants, les chevaux, les lions mais lorsqu’il arriva devant la cage du tigre, Il s’arrêta brusquement, comme paralysé par l’angoisse. Son cœur se mit à palpiter, une goûte de sueur perla le long de son visage. La cage était vide…


Sarah T., 2nde section internationale, décembre 2014.

 

***


Devoir d’Hélène R. :


Focalisation zéro + interne.


Laure Lacombe se réveilla dans le minuscule appartement qu'elle occupait en haut d'un vieil immeuble rue de l'Horloge à Nîmes. Bien qu'elle habitât dans le centre-ville, non-loin de la médiathèque et de monuments historiques datant de l'Empire Romain comme la Maison Carrée ou les Arènes, Laure était probablement la jeune femme la moins cultivée de toute la ville. De plus, elle manquait affreusement de logique. C'était cette absence de capacités intellectuelles et sa paresse qui l'avaient fait rater son baccalauréat fin juin 2003, exactement sept ans plus tôt. Sans métier et donc sans salaire, Laure était entièrement dépendante de son oncle, seul membre de sa famille toujours en vie qui, heureusement pour elle, gagnait très bien sa vie. Elle avait l'habitude de recevoir une enveloppe jaunâtre contenant un chèque à la fin de chaque mois. Elle s'attendait donc à en recevoir une ce 30 juin 2010.
Laure se leva, et ne prit qu'une tasse de thé pour son petit déjeuner. À huit heures environs, elle se prépara pour se rendre chez son coiffeur, car, à défaut d'être intelligente, la jeune femme était très belle et faisait particulièrement attention à son apparence. Elle était rousse, ses cheveux ondulaient jusqu'au milieu de son dos, elle était fine sans être maigre et son visage aurait été sublime si il n'avait pas été recouvert entièrement par de multiples couches de maquillage qui lui donnaient une allure de femme superficielle.
Avant de quitter son logis, elle se regarda dans le miroir de sa salle-de-bain. Elle examina longuement son visage; ses sourcils parfaits, ses yeux bleus en-dessous de ses paupières fardées, son petit nez fin... Puis elle essaya en vain de masquer les quelques rides qui commençaient à s'installer autour de ses lèvres roses, elle soupira. En réalité, si Laure faisait aussi attention à son apparence, c'était parce qu'aucune de ses relations amoureuses n'avait durée plus d'un mois, la jeune femme n'arrivant pas à séduire les hommes avec sa personnalité, se sentait dans l'obligation d'avoir une apparence physique impeccable.
Elle sortit de son appartement, descendit les trois étages pour arriver au rez-de-chaussée en passant par des escaliers anciens, gris et sales. Elle quitta l'immeuble, remonta la rue de l'Horloge puis marcha le long de la rue Guizot pour arriver au Centre Commercial La Coupole où était situé le salon de coiffure.
Sur le chemin du retour, Laure faisait des détours et défilait dans les rues, elle était fière de sa nouvelle coupe de cheveux, lorsqu'elle se souvint qu'elle n'avait pas encore reçu le chèque de son oncle. Elle savait qu'elle recevrait l'enveloppe ce jour-là; son oncle avait toujours été très ponctuel et en sept ans, elle n'avait jamais reçu une seule de ses enveloppes en retard. Elle se rendit donc dans la rue de l'Horloge, entra dans son immeuble, se dirigea vers sa boite aux lettres, l'ouvrit, mais celle-ci était vide.

Hélène R., 2nde section internationale, décembre 2014.

 

***

 

Devoir de Mélina G. :

Focalisation zéro
Reflet de l'année 1863, cette nuit d’hiver avait revêtu des aspects hostiles. Il était trois heures du matin, le vingt-cinq décembre. Les rues étaient jonchées d'affiches de propagandes déchirées et d'écriteaux brisés flottant dans les flaques d'eau boueuses. Ils constituaient les vestiges muets des événements tumultueux de la journée passée, au cours de laquelle une orde d'individus avaient exulté son mécontentement contre le nouvel État Italien d'Emmanuel II. Désormais tout était désert et emprunt d'un silence pesant.
Dans une Italie qui faisait face aux brigandages, guérillas populaires, qui s'affirmaient depuis 2 ans, malgré les répressions impitoyables de l'armée, les périodes d'accalmie étaient d'ordinaire annonciatrices de lendemains troubles, et donnaient à cette trêve des auspices inquiétants.
En cette veille de fête, le froid avait envahi la ville, les rues et même ses habitants. Il martelait sa présence sous les ongles glacés des rares ombres humaines errant encore dans les rues obscures. Parme voulait montrer des airs festifs avec ses guirlandes aux lueurs timides, mais la glace grisâtre tombant de ses toits sombres, les façades d’immeubles borgnes aux volets clos d’où filtraient quelques conversations étouffées, lui donnaient des allures lugubres accentuées par les congères neigeuses et sales accumulées le long des trottoirs aux pavés glissants.
Tantôt, la cacophonie avait été assourdissante avec les avertisseurs sonores des voitures et les clameurs bruyantes des bourgeois fortunés pressés d’en finir avec leurs derniers achats. Andrea Viscarolli était maintenant confronté à l’indifférence, nocturne cette fois, pénétrante, et insidieuse par son silence. Frémissant de froid sous la brise glaciale, il chercha un lieu isolé où s’abriter pour la nuit. Ses cheveux grisonnants clairsemés sur un front haut et dégarni collaient à son crâne humide, et ne parvenaient pas à apporter un peu de chaleur à sa tête nue. Il referma son vieux manteau qui n’avait plus qu’une moitié de col pour le protéger, tandis que son tricot était si élimé qu’on devinait au travers sa peau flasque et blafarde.
Après avoir tourné dans ces rues noires et lugubres, Andrea Viscarolli aperçut entre deux édifices un amas de cartons, qui s’avéraient être là depuis peu car encore secs et rigides. Il s’en saisit et se dirigea vers le Teatro Regio  pour se réfugier au creux des arcades du prestigieux théâtre lyrique parmesan qui pourraient le protéger des assauts du froid.
« Que les ennemis tremblent car la Vierge protège Parme » disait la devise de la ville. Ce soir, Andrea Viscarolli n’espérait plus de protection, grelottant de tous ses os assis sur ses cartons qui l’isolaient uniquement du sol glacé.

Lui qui avait si longtemps rêvé de venir écouter un opéra de Giuseppe Verdi entendait ce soir des bribes du Nabucco joué en hommage au compositeur parmesan.
Replié sur lui-même, la faim lui tenaillait le ventre. Andrea n’avait rien trouvé à avaler mis à part un résidu d’orange qu’il avait déniché quelques heures plus tôt. Recroquevillé, il se demandait ce qu’il allait faire le lendemain, et le froid l’engourdissait peu à peu.
Au son du chœur des esclaves hébreux nostalgiques entonnant le « Va, Pensiero » de Verdi, la gorge d’Andrea se serra davantage. Perdu dans ses rêveries, il se remémora les temps anciens, qu’il jalousait aujourd’hui. Ses souvenirs flottaient en lui comme une hallucination fantastique. Des larmes chaudes roulaient sur ses joues qui lui semblaient brûlantes tant le froid le prenait. Il se repentait de ne s’être jamais apitoyé sur des souffrances qu’aujourd’hui il endurait lui-même.
Soudain, se découpant dans la lumière éblouissante jaillissant de l’imposante porte entrouverte du théâtre, il crut apercevoir la silhouette qu’il avait jadis tant aimée. Pourtant, le profil qui avançait vers l’arcade lui était inconnu. La douce voix qui l’interpella le remplit de chaleur…


Mélina G., 2nde section internationale, décembre 2014.


Date de création : 15/12/2014 @ 11:19
Dernière modification : 15/12/2014 @ 11:20
Catégorie : Copies d'élèves 2014/2015
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