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Copies d'élèves 2014/2015 - 1ère FLS bac blanc roman 03.06.

Bac blanc du 06 juin 2015

 

Objet d'étude : Le personnage de roman du XVIIème siècle à nos jours.

Corpus : 
Texte A : Colette, Sido, 1930.
Texte B : John Steinbeck, Les Raisins de la colère, 1939 (traduit de l’anglais par M. Duhamel et M.- E. Coindreau).
Texte C : Jean Giono, Un Roi sans divertissement, 1947.

 

 Texte A : Colette, Sido, 1930.

 

 [La narratrice, dont la famille habite en province, évoque le souvenir de sa mère, revenant de l’un de ses séjours à Paris.]

 

Elle revenait chez nous lourde de chocolat en barre, de denrées exotiques et d'étoffes en coupons, mais surtout de programmes de spectacles et d'essence à la violette, et elle commençait de nous peindre Paris dont tous les attraits étaient à sa mesure, puisqu'elle ne dédaignait rien.
En une semaine elle avait visité la momie exhumée, le musée agrandi, le nouveau magasin, entendu le ténor et la conférence sur La Musique birmane. Elle rapportait un manteau modeste, des bas d'usage, des gants très chers. Surtout elle nous rapportait son regard gris voltigeant, son teint vermeil que la fatigue rougissait, elle revenait ailes battantes, inquiète de tout ce qui, privé d'elle, perdait la chaleur et le goût de vivre. Elle n'a jamais su qu'à chaque retour l'odeur de sa pelisse en ventre-de-gris1, pénétrée d'un parfum châtain clair, féminin, chaste, éloigné des basses séductions axillaires2, m'ôtait la parole et jusqu'à l'effusion.
D’un geste, d’un regard elle reprenait tout. Quelle promptitude de main ! Elle coupait des bolducs3roses, déchaînait des comestibles coloniaux, repliait avec soin les papiers noirs goudronnés qui sentaient le calfatage4. Elle parlait, appelait la chatte, observait à la dérobée mon père amaigri, touchait et flairait mes longues tresses pour s’assurer que j’avais brossé mes cheveux… Une fois qu’elle dénouait un cordon d’or sifflant, elle s’aperçut qu’au géranium prisonnier contre la vitre d’une des fenêtres, sous le rideau de tulle, un rameau pendait, rompu, vivant encore. La ficelle d’or à peine déroulée s’enroula vingt fois autour du rameau rebouté5, étayé d’une petite éclisse6de carton… Je frissonnai, et crus frémir de jalousie, alors qu’il s’agissait seulement d’une résonance poétique, éveillée par la magie du secours efficace scellé d’or…

 

1- Pelisse en ventre-de-gris : manteau en fourrure de ventre d’écureuil.
2- Axillaire : qui vient des aisselles. Colette évoque les odeurs de sueur.
3- Bolduc : ruban.
4- Calfatage : traitement des coques des navires avec du goudron pour les rendre étanches.
5- Rebouté : réparé.
6- Éclisse : plaque servant à étayer, c’est -à-dire à soutenir, un membre fracturé.

 

Texte B : John Steinbeck, Les Raisins de la colère, 1939.

 

 [Tom Joad est de retour chez lui. Il retrouve sa famille, son père, le vieux Tom, ses grands parents, ses frères et sœurs plus jeunes ainsi que sa mère, Man, décrite dans l’extrait suivant.]

 

Elle regardait dans le soleil. Nulle mollesse dans sa figure pleine, mais de la fermeté et de la bonté. Ses yeux noisette semblaient avoir connu toutes les tragédies possibles et avoir gravi, comme autant de marches, la peine et la souffrance jusqu'aux régions élevées de la compréhension surhumaine. Elle semblait connaître, accepter, accueillir avec joie son rôle de citadelle de sa famille, de refuge inexpugnable1. Et comme le vieux Tom et les enfants ne pouvaient connaître la souffrance ou la peur que si elle-même admettait cette souffrance et cette peur, elle s'était accoutumée à refuser de les admettre. Et comme, lorsqu'il arrivait quelque chose d'heureux ils la regardaient pour voir si la joie entrait en elle, elle avait pris l'habitude de rire même sans motifs suffisants. Mais, préférable à la joie, était le calme. Le sang-froid est chose sur laquelle on peut compter. Et de sa grande et humble position dans la famille, elle avait pris de la dignité et une beauté pure et calme. Guérisseuse, ses mains avaient acquis la sûreté, la fraîcheur et la tranquillité ; arbitre, elle était devenue aussi distante, aussi infaillible qu'une déesse. Elle semblait avoir conscience que si elle vacillait, la famille entière tremblerait, et que si un jour elle défaillait ou désespérait sérieusement, toute la famille s'écroulerait, toute sa volonté de fonctionner disparaîtrait.

 

1- Inexpugnable : qu’on ne peut pas prendre par la force.

 

Texte C : Jean Giono, Un Roi sans divertissement, 1947.

 

[Mme Tim est la femme du châtelain de Saint-Baudille. Autour d’elle s’organisent des fêtes familiales dont le narrateur garde le souvenir.]

 

[…] Mme Tim était abondamment grand-mère. Les filles occupaient aussi des situations dans les plaines, en bas autour.
A chaque instant, sur les chemins qui descendaient de Saint-Baudille on voyait partir le messager et, sur les chemins qui montaient à Saint-Baudille, on voyait monter ensuite des cargaisons de nourrices et d’enfants. L’aînée à elle seule en avait six. Le messager de Mme Tim avait toujours l’ordre de faire le tour des trois ménages et de tout ramasser.
C’étaient, alors, des fêtes à n’en plus finir : des goûters dans le labyrinthe de buis1; des promenades à dos de mulets dans le parc ; des jeux sur les terrasses et, en cas de pluie, pour calmer le fourmillement de jambes de tout ce petit monde, des sortes de bamboulas2dans les grands combles3du château dont les planchers grondaient alors de courses et de sauts, comme un lointain tonnerre.
Quand l’occasion s’en présentait, soit qu’on revienne de Mens (dont la route passe en bordure d’un coin de parc), soit que ce fût pendant une journée d’automne, au retour d’une petite partie de chasse au lièvre, c’est -à-dire quand on était sur les crêtes qui dominent le labyrinthe de buis et les terrasses, on ne manquait pas de regarder tous ces amusements. D’autant que Mme Tim était toujours la tambour-major4.
Elle était vêtue à l’opulente d’une robe de bure5, avec des fonds énormes qui se plissaient et se déplissaient autour d’elle à chaque pas, le long de son corps de statue. Elle avait du corsage et elle l’agrémentait de jabots de linon6. A la voir au milieu de cette cuve d’enfants dont elle tenait une grappe dans chaque main, pendant que les autres giclaient autour d’elle, on l’aurait toute voulue. Derrière elle, les nourrices portaient encore les derniers-nés dans des cocons blancs. Ou bien, en se relevant sur la pointe des pieds et en passant la tête par-dessus la haie, on la surprenait au milieu d’un en-cas champêtre, distribuant des parts de gâteaux et des verres de sirop, encadrée, à droite, d’un laquais (qui était le fils Onésiphore de Prébois) vêtu de bleu, portant le tonnelet d’orangeade et, à gauche, d’une domestique femme (qui était la petite fille de la vieille Nanette d’Avers), vêtue de zinzolins7et de linge blanc, portant le panier à pâtisserie. C’était à voir !

 

1- Buis : arbuste.
2- Bamboula : fête.
3- Combles : espaces compris entre le dernier étage de la demeure et le toit.
4- Tambour-major : grade militaire (sous- officier qui commande les tambours et les clairons d’un régiment) donné ici, de façon plaisante, à Mme Tim qui commande tout.
5- Bure : étoffe de laine brune.
6- Jabots de linon : ornements de tissu qui s’étalent sur la poitrine.
7- Zinzolins : tissus d’un violet rougeâtre.

 

I- Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) :

Quelles sont les caractéristiques des figures maternelles dans les textes du corpus ?

 

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :

Commentaire
Vous commenterez l’extrait de Jean Giono (texte C).

Dissertation
Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?
Vous répondrez à la question en vous fondant sur les textes du corpus ainsi que sur les textes et œuvres que vous avez étudiés et lus.

Invention
Le regard que porte la narratrice du texte A sur sa mère fait de cette dernière un personnage fascinant. Comme Colette et en vous inspirant des autres textes du corpus, vous proposerez le portrait d’un être ordinaire qui, sous votre regard, prendra une dimension extraordinaire.

 

Devoir d'Anna B. : 

Question de Corpus

 

            Le corpus proposé est constitué de trois textes de XXème siècle, un siècle marqué par sa volonté de transgression par rapport aux règles et conventions des mouvements précédents. Le premier est un extrait de Sido de Colette, 1930, puis nous est proposé un passage de Les Raisins de la colère de John Steinbeck, auteur américain.Le dernier document est un extrait de Un Roi sans divertissement de Jean Giono. Il serait intéressant d’étudier les caractéristiques des figures maternelles dans ces textes.

 

            Tout d’abord, on retrouve la notion de la mère au sein de la famille, qui soutient et surveille la vie familiale. Dans Sido, Colette décrit la mère en tant que figure qui “rapport[e]” de nombreux cadeaux: “chocolat en barre, [...] denrées exotiques et étoffes en coupons”. On peut donc constater que la mère donne pour le bien de sa famille, quelque chose que l’on retrouve également de façon métaphorique par ce qu’elle donne à sa famille de point de vue émotionnel. En effet, on retrouve l’image de la mère poule avec “ailes battantes”, essentiel car, “privé d’elle” on “perdait la chaleur et le goût de vivre”. Ce rôle important de la mère est d’autant plus ressenti dans l’extrait de Les Raisins de la colère. Effectivement, ici la mère a un rôle de “citadelle de sa famille. [...] si elle vacillait, la famille entière tremblerait”. La mère est donc présentée comme colonne “sur laquelle on peut compter”. De plus, le sacrifice de la mère pour sa famille est clair dans ce texte avec le champ lexical de la souffrance: “connu toutes les tragédies possibles”, “la peine et la souffrance”. Finalement, la figure “grand-mère” dans Un Roi sans divertissement semble aussi prendre la position de mère poule, “au milieu de cette cuve d’enfants”, qui prend soin des petits enfants en “distribuant des parts de gâteaux et des verres de sirop”; Clairement, le rôle de la figure maternelle dans la famille est affirmé dans ces trois textes.

 

De plus, ces trois documents présentent une mère énergique et compétente, qui lui donne la possibilité de soutenir sa famille. Par exemple, Colette énumère les actions de la mère dans Sido, en ajoutant “D’un geste, d’un regard, elle reprenait tout. Quelle promptitude de la main!” Cette habileté de la mère est accompagnée par une capacité à réparer, “rebout[er]”. Ce thème est aussi retrouvé chez Steinbeck avec la mère “guérisseuse”, accompagné de qualités de “sûreté”, “fraîcheur” et “tranquillité”. En revanche, l’énergie maternelle est sûrement la plus présente dans l’extrait de Un Roi sans divertissement. L’énergie de Mme Tim est reflété par le ton énergique du texte. Effectivement, on retrouve “a chaque instant”, des “messager[s]” qui partent, alors que monte des “cargaisons de nourrices et d’enfants”. L’hyperbole “cargaison” ajoute a l’énergie de Mme Tim, car c’est elle qui s’en occupe. La variété des fêtes montre aussi la compétence de la grand-mère, qui ne manque pas d’idées “pour calmer le fourmillement de jambes de tout ce petit monde”. Finalement, Mme Tim est comparée à “la tambour-major”, affirmant son rôle d’organisatrice”. Certainement, la mère est représentée en tant que personnage compétant en énergique dans son rôle de “citadelle”.

 

            Finalement, on remarque que ces qualités de la mère s'étendent souvent plus loin que des compétences humaines, et la mère devient presque un personnage surhumain à travers le regard subjectif du narrateur, grâce à l'utilisation d'une focalisation interne dans les trois extraits.  La mère, transformée en personnage extraordinaire incarne souvent l’idéal féminin et est qualifiée de hyperboles mélioratives qui désignent un aspect surhumain. Effectivement, la beauté de la figure maternelle se retrouve surtout dans Sido de Colette et dans Un Roi sans divertissement de Jean Giono. Colette évoque “un parfum châtain clair, féminin, chaste, éloigné des basses séductions auxillaires,” qui “ôtait la parole et jusqu’à l’effusion.” Cette image laudative de la mère est d’autant plus apparente par “la magie du secours efficace scellé d’or. Cette évocation de phénomène surnaturel de “magie” est renforcée par la connotation positive et même un peu mystique “d’or” et donc brosse un portrait tout à fait surhumain de la mère. De même, dans l’extrait de Jean Giono, Mme Tim est décrite ayant un “corps de statue”. Elle aussi, donc, semble être l’allégorie de la beauté féminine. De même, Steinbeck fait allusion à cet aspect maternel avec “une beauté pure et calme”. De plus, Steinbeck renforce la vision de mère comme personnage exceptionnel et “surhumain” la comparant a une “déesse”. Clairement, à travers le regard subjectif, souvent d’un enfant qui idolâtre sa mère, la mère est non seulement capable, mais elle est extraordinaire.

 

            On peut donc constater que ces trois textes donnent une grande importance au rôle de la mère, et l’idéalisent en la qualifiant de capable et même parfaite.


 

Dissertation

 

Code des couleurs :

 Introduction :

1ère étape : phrase d'appel, amorce.

2ème étape : repérage de la problématique.

3ème étape : reformulation de cette problématique.

 

 Développement :

·        connecteur logique

·        formulation de thèse

·        exemple

·        formulation d'argument

·        rappel de la thèse en cours

·        transition

 Conclusion :

 1ère étape : rappel des thèses du devoir

2nde étape : ouverture

 

 

            Le roman, étant défini en tant que récit long en prose présentant des personnages fictifs engagés dans des aventures imaginaires, présente souvent des êtres extraordinaires dans un but de captiver le lecteur. Mais le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires? Autrement dit, peut-on écrire à propos de situations banales, peuplés de personnages médiocres et tout de même rencontrer un succès littéraire? Alors que traditionnellement l’aspect fictif du roman permet une description de personnages extraordinaires, on retrouve des romans plus récents, notamment du mouvement réaliste, qui tentent de mettre en scène des personnages ordinaires avec qui le lecteur peut se comparer.


 


 

            Tout d’abord, un personnage extraordinaire peut certainement apporter une dimension captivante et intéressante au roman, car l’auteur a plus de liberté pour créer une histoire qui sollicite l’imagination. Effectivement, il est possible de constater que des auteurs exploitent souvent cette liberté caractéristique de roman pour faciliter le transfert d’un message à travers d’une histoire captivante pour le lecteur. Par exemple, Montesquieu utilise ce principe dans Les Lettres Persanes, où il met en scène des personnages certainement pas ordinaires pour la France du XVIIIème siècle. Effectivement, ces visiteurs étrangers ont permis à Montesquieu d’illustrer les idéaux des Lumières à travers d’un regard naïf et neuf, quelque chose rendu impossible si il aurait été subi à la contrainte de relater une expérience d’un français ordinaire. De même, dans La lettre écarlate par Nathaniel Hawthorne, auteur américain, Hester Prynne, l’héroïne principale n’est d’aucune façon un personnage ordinaire. Ses nombreuses qualités: artiste, douée d'une remarquable force mentale, et charitable remettent en cause les idéaux puritains des colonies, et dénonce le statut opprimé de la femme à l’époque. On peut donc constater que la liberté de créer des personnages extraordinaires facilite la tâche de transmettre un message précis au lecteur.

            De plus, un personnage extraordinaire, voire surhumain, permet de captiver l’attention du lecteur, en le menant dans un autre monde, imaginaire. Par exemple, dans Pantagruel ou Gargantua de Rabelais, on retrouve des personnages absolument fascinants. Gargantua, après tout, est né de l’oreille gauche de sa mère et est d’une taille surhumaine incroyable. Le but de ces romans n’est sûrement pas de respecter la vraisemblance de l’histoire, mais plutôt de transporter le lecteur dans une autre dimension incroyable et extraordinaire. Le même principe est retrouvé dans Notre Dame de Paris de Victor Hugo; le personnage de Quasimodo est effectivement extraordinaire et comme dans de nombreux romans, arrive à captiver le lecteur avec cet aspect inhabituel que l’on ne retrouve pas, ou très rarement, dans la réalité.

            Finalement, la présentation d’un être extraordinaire permet une réaction émotionnelle élevée de la part du lecteur, car de telles personnages représentent d’une façon hyperbolique, plus que l’Homme ordinaire. Ces personnages deviennent donc d’autant plus attachants pour le lecteur. Dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, les personnages sont nobles, et donc extraordinaires. Effectivement, la relation entre le Duc de Nemours et la Princesse de Clèves détient “quelque chose de galant et d’extraordinaire”, selon le Chevalier de Guise. Bien sûr, ce statut élevé de la Princesse de Clèves permet une réaction émotionnelle élevée par rapport à son déchirement Cornélien entre la passion et les codes moraux de l’époque. De même dans Les Misérables de Victor Hugo, l’attachement du lecteur envers le personnage de Jean Valjean est rendu possible par la caractérisation extraordinaire de ce personnage fort, juste, et courageux. Cet attachement permet donc au lecteur de partager l’histoire de ce personnage de façon plus proche et plus personnelle, et donc de subir une aventure plus émotionnellement impliquée en lisant ce roman. On peut donc remarquer de nombreux avantages pour l’auteur de choisir des personnages extraordinaires.


 


 

            En revanche, l’utilisation de personnages extraordinaires peut aussi éloigner le lecteur du roman, donc il est également intéressant d’utiliser des personnages ordinaires ou même médiocres. Effectivement, un personnage ordinaire représentatif du lecteur lui même peut permettre une identification avec le personnage en question, entraînant paradoxalement une réaction émotionnelle aussi. Par exemple, dans Une Vie de Guy de Maupassant, la vie de Jeanne, personnage qui peut parfois être considéré comme médiocre et peu intéressant, est racontée. Alors que, jeune fille, Jeanne est pleine d’espoir pour l’avenir, sa vie finit par être caractérisée par les nombreuses désillusions qu’elle subira. La médiocrité de ce personnage la rend facilement accessible, et donc le lecteur peut être profondément touché par ses pertes. De même, dans Les Raisins de la colère de John Steinbeck, auteur américain, l’admiration hyperbolique de Tom Joad envers sa mère est quelque chose de très facilement apprécié. L’admiration pour la figure maternelle est quelque chose de quotidien, et permet à n’importe quel lecteur d’être touché par cette scène. La médiocrité ou l’aspect banal d’un personnage peut donc servir à la réaction émotionnelle du lecteur.

            De plus, en employant des personnages ordinaires, la morale peut être plus facilement accessible et le lecteur peut garder les expériences du personnage comme une leçon valable dans la réalité. Effectivement, dans Lumière claire du jour de Anita Desai, auteur indienne anglophone, aucun personnage n’est parfait. Bimla Das a perdu sa compétence et semble incapable de pardonner son frère pour une vieille lettre qu’elle a prise comme une insulte, alors que Tara Das n’arrive pas à prendre ses propres décisions. En revanche, le message de l’oeuvre est clair: l’importance de la famille. La mise en scène d’une famille ordinaire permet au lecteur de se comparer à cette histoire à une échelle personnelle, et il peut donc plus facilement en tirer une leçon.

            Finalement, il est important de constater qu’un personnage médiocre peut très bien avoir une aventure intéressante et même extraordinaire. La Perle de John Steinbeck met en scène une famille pauvre au Mexique qui cherche des perles pour gagner sa vie. Cette famille particulièrement banale va trouver une belle et grande perle. A partir de ce moment, leur vie deviendra bien plus intéressante alors qu’ils tentent de se rendre à la capitale pour la vendre. Le fait que les personnages soient ordinaires permet au lecteurs de faire leurs propres réflexions sur ce qu’ils auront fait dans une situation pareille, et donc les rapprocher de l’aventure. De même, dans Thérèse Raquin de Emile Zola, Thérèse, son mari Camille, et son amant Laurent sont tous des personnages médiocres. Tout de même, l’assassinat de Camille par les deux amants fait preuve d’une aventure extraordinaire et la réaction psychologique des deux meurtriers peut aussi facilement solliciter l’attention du lecteur. Clairement, l’emploi de personnages ordinaires dans un roman n’est pas nécessairement handicapant.




            Le choix du romancier entre personnage extraordinaire ou ordinaire n’est donc pas forcément prédestiné, les deux choix sont pertinents et peuvent aboutir à un roman intéressant et émouvant qui transmet les idées du romancier. On peut donc constater que le roman comporte une grande variété de style, et l’importance de l’ouverture d’esprit en lisant une oeuvre littéraire, sans préjugés en ce qui concerne les choix stylistiques de l’auteur.

Anna B. (USA), 1ère FLS, juin 2015.

 

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Date de création : 13/06/2015 @ 16:36
Dernière modification : 13/06/2015 @ 16:41
Catégorie : Copies d'élèves 2014/2015
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