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Copies d'élèves 2015/2016 - Dissertation 2nde 8

Dissertation du 24 mai 2016

 

Sujet : est-il nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre et apprécier son œuvre? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté qui prendra appui sur les textes que vous avez étudiés cette année et sur vos lectures personnelles.

 

Devoir de Salomé G. : 

 

            Tout auteur, qu’il écrive des romans, des pièces de théâtre ou de la poésie, est caractérisé par sa propre histoire personnelle, ce qui rend son oeuvre unique. Est-il nécessaire de connaître celle-ci pour comprendre et aimer son oeuvre? En d’autres termes, on peut se demander l’importance de la connaissance d’éléments historiques ou personnels le concernant dans l’appréciation de ses écrits. Il sera prouvé dans un premier temps que connaître l’auteur peut s’avérer impératif, puis néanmoins qu’il ne l’est pas toujours.

 

 

             Tout d’abord, la connaissance de la biographie de l’auteur d’un texte favorise la compréhension et l’appréciation de celui-ci. En effet, dans certains cas, il est impératif de connaître le contexte historique de l’oeuvre pour en comprendre le message. La biographie de Réné Char par exemple nous renseigne sur ses années dans la Résistance, et nous permet de comprendre les images et allusions dans son poème “Affres, détonations, silence” dont l’aspect hermétique renforce cette nécessité d’en connaître le contexte. Par ailleurs, l’époque peut permettre de comprendre qu’un texte est dénonciateur, que ce soit de la condition féminine dans L’école des Femmes  de Molière ou de l’occupation allemande dans “Liberté” de Paul Eluard. Il est clairement difficile de comprendre le message de certaines oeuvres sans connaître la période historique et donc la biographie de l’auteur.
              En outre, il est généralement important de connaître les valeurs du mouvement littéraire dans lequel s’inscrit l’auteur pour comprendre ses choix stylistiques et apprécier pleinement son talent. À travers les siècles, les mouvements contradictoires se succèdent. Ainsi, pour comprendre Horace de Corneille ou Bérénice de Racine, il faut savoir que le Classicisme est fondé sur des règles strictes et que l’intrigue repose toujours sur le dilemme entre le devoir et la passion. Pour apprécier Bel-Ami de Maupassant ou Madame Bovary de Flaubert, il faut se souvenir que la banalité et l’anti-héroïsme sont au coeur du Réalisme. Enfin, avant de lire Aurélien d’Aragon, il faut connaître la volonté de transgresser les règles classiques et de déstructurer le roman propre aux auteurs surréalistes. Sans la biographie de l’auteur, ces textes ne s’inscrivent pas dans un mouvement littéraire, il est donc difficile d’en apprécier la valeur.
              Enfin, connaître l’histoire personnelle d’un auteur est parfois nécessaire pour être touché par un texte, et donc l’aimer. Par exemple, “Le Lac” de Lamartine pourrait être une histoire d’amour comme toute autre, mais, en lisant la biographie du poète, on apprend des éléments sur son amante et la raison pour laquelle elle n’a pu le rejoindre, c’est-à-dire sa maladie, qui mettent en valeur la tristesse du moment décrit et qui inspirent au lecteur plus de compassion. De même, en lisant la vie de Mary Shelley, on peut comprendre que son roman Frankenstein, qui semble, à première lecture, n’avoir aucun rapport avec sa vie, montre en fait ses doutes et ses peurs cachés en ce qui concerne la maternité, ce qui entraîne une fois de plus de la compassion. Cela montre qu’en connaissant l’histoire derrière un texte, le lecteur va être davantage touché par son message, et donc l’apprécier d’autant plus.

 

 

              Bien que, dans certains cas, la connaissance de la biographie de l’auteur d’un texte puisse favoriser la compréhension et l’appréciation de celui-ci, ce n’est pas toujours un élément indispensable. En effet, s’il est parfois nécessaire de connaitre la biographie pour comprendre le texte, il est possible de l’aimer sans pour autant en comprendre le message. La beauté d’un poème par exemple ne dépend pas seulement du sens mais aussi de la façon dont il est écrit. “Harmonie du Soir” de Baudelaire est un exemple de poème symboliste, au message complexe et caché mais que l’on peut aimer sans chercher à le comprendre, grâce à la musicalité entraînante, au retour des vers avec la forme particulière du pantoum, ainsi qu’aux différents symboles. Pour cela, il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire personnelle derrière. Il en est de même avec les romans; Gatsby le Magnifique par exemple de Fitzgerald est avant tout fondé sur la magie des mots et de l’atmosphère qui est créée, avant d’être une critique de la société à cette époque. Il est donc tout à fait possible d’aimer un texte sans le comprendre, et donc sans avoir lu la biographie de l’auteur au préalable.
               De plus, de nombreuses oeuvres comportent des thèmes universels, qui s’appliquent à toutes les époques, donc qui rendent la particularité de l’auteur peu importante. Avec son poème “Le Pont Mirabeau”, Apollinaire fait allusion à des problématiques atemporelles, comme la perte de l’être aimé, les souvenirs douloureux, la fuite du temps, etc. Ces thèmes s’appliquent à n’importe quelle rupture amoureuse. Aussi, l’histoire exacte derrière ce poème en particulier n’est pas indispensable. Il en est de même pour les romans réalistes par exemple, qui ne racontent absolument pas la vie de l’auteur et qui, au contraire, ont pour but de se rapprocher le plus possible de la réalité, et donc des problèmes de la vie quotidienne : l’ennui, le désaccord conjugal, comme dans Une Vie de Maupassant, ou encore l’adultère, comme dans Thérèse Raquin de Zola. Dans ces cas comme dans d’autres, le but n’est pas de raconter l’histoire d’un seul individu, c’est-à-dire l’auteur, mais que chacun s’approprie le texte en fonction de ses propres expériences. Ainsi, il serait superflu d’associer l’oeuvre et la biographie de l’auteur, car les thèmes de ces oeuvres sont universels et non-spécifiques à l’auteur.
               Enfin, l’Histoire de la littérature prouve que des auteurs dont la biographie est très peu connue ont pu, eux aussi, connaître le succès. De nombreux auteurs dont le nom et l’oeuvre ont traversé les siècles n’ont en effet pas laissé derrière eux une biographie aussi complète que les écrivains modernes. Dès l’Antiquité, Homère écrit L'Iliade et L’Odyssée, mais très peu d’éléments personnels sont connus sur lui. Plusieurs siècles après, c’est Shakespeare qui publie les pièces les plus étudiées du monde et qui pourtant laisse de nombreux mystères sur sa personne. Certains se demandent même si toutes ses pièces ont été écrites par une seule et même personne. En conséquence, il est possible d’affirmer qu’une biographie précise n’a pas toujours de corrélation directe avec le succès, la compréhension et l’appréciation d’une oeuvre.

 

                En conclusion, il est parfois impératif de connaître des éléments historiques, littéraires et personnels liés à un écrivain pour comprendre et aimer ses textes. Toutefois, il faut admettre que ce n’est pas toujours le cas : d’autres éléments peuvent influencer le lecteur en ce qui concerne son appréciation d’un texte, que ce soit la musicalité d’un poème, la magie des mots ou l’universalité des thèmes. En conséquence, il est possible de se demander si une connaissance préalable de la vie personnelle de l’auteur d’un texte peut changer complètement la réaction du lecteur face au texte, voire permettre deux lectures très distinctes. Cela montre qu’il y a un nombre sans fin d’interprétations possibles d’une oeuvre, selon ce facteur mais aussi selon l’époque, le lecteur, sa vie personnelle, etc.

 

Salomé G., mai 2016.

***

Devoir de Joanne W. : 

 

                La biographie d’un écrivain ou de toute autre personne célèbre est un texte qui résume la vie de ce dernier. La biographie d’un écrivain peut amener des réponses ou au contraire nous induire en erreur lorsque nous lisons avec attention une de leur œuvres. On peut donc se demander s’il est nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre et aimer son œuvre. En d’autres termes, est-il nécessaire à la compréhension et goût personnel d’une œuvre de connaître la biographie de son auteur ? En premier lieu, notre analyse portera sur la biographie comme un outil essentiel à la compréhension et au bon goût ou non de l’œuvre ou bien, au contraire, qu’il n’est pas jugé nécessaire de connaître la biographie de l’écrivain pour comprendre et aimer son œuvre.

 

              Tout d’abord, la biographie d’un écrivain peut être un élément indispensable à la bonne perception d’une œuvre. Une fois cette dernière comprise, il est plus judicieux de dire son avis a son propos. Dans un premier temps, connaître le passé d’un auteur peut nous aider à mieux comprendre le sentiment qu’il tente de réfléchir dans son œuvre. Alphonse de la Martine par exemple dans son œuvre « Le Lac », exprime sa nostalgie de 1815 lorsqu’il pouvait encore voir la femme qu’il chérissait : Julie Charles. Il est donc nécessaire de connaître ce passage de la vie de l’auteur afin de comprendre et partager le sentiment de tristesse qui ce dégage du poème.
             Néanmoins, la biographie d’un écrivain connue lors de la lecture du récit peut nous permettre de cesser les doutes et ainsi mieux partager sa vision de l’œuvre. Les vingt dernières années de Corneille furent une période difficile pour lui à cause de l’arrivée de Racine dans le monde du théâtre. Corneille voulut relancer sa carrière avec une dernière tragédie : Suréna, qui fut très peu apprécié du public, qui, auparavant avait déjà gouté aux œuvres de Racine comme Bérénice, Phèdre et bien d’autres encore. Cette dernière pièce, Suréna, reflète les pensées de l’auteur, Corneille fait comme un hommage à sa gloire passée dans cette ultime pièce. Si ce détail de l’arrivée de Racine chamboula la vie de Corneille est inconnue du public, on ne peut donc pas savoir que cela créa un manque de succès chez Corneille. Pour ainsi dire, le passé d’un écrivain peut être très révélateur sur la compréhension et le bon goût de son œuvre.
        Enfin, connaître la biographie d’un auteur peut s’avérer très importante lorsqu’il s’agit d’un récit au contexte historique notamment (ou familial, éducatif etc.). Une fois le contexte connu, la biographie su, on peut dorénavant mieux comprendre, mieux analyser et aimer le fruit de leur dur labeur. Par exemple, René Char publia une poésie en prose en 1947 à l’attention de Roger Bernard : « Affres, détonation, silence ». Cette poésie narre l’époque où René Char faisait partie des Résistants, et aux côtés d’autres Résistants (dont Roger Bernard), ils se battaient pour l’avenir de la France, Roger Bernard fut tué par les Nazis « L’horizon des monstres était trop proche de sa terre ». On relève aussi des éléments qui sont toujours d’actualités aujourd’hui comme « Le Moulin du Calavon », « le vieux réfractaire », « les gorges d’Oppedette » ce qui nous montre qu’un contexte historique est bien présent. Dans cet exemple ainsi que plein d’autre, connaître la biographie de l’auteur s’avère parfois primordiale afin de comprendre son œuvre et ainsi mieux en profiter, ce qui est d’autant plus vrai que ce poème de René Char est très hermétique.

 

               Bien que connaître la biographie d’un écrivain puisse être nécessaire au bon fonctionnement de notre compréhension et notre bon goût du texte, il s’avère que ce n’est pas l’unique option. Nous ne devons pas obligatoirement connaître la biographie de l’écrivain pour comprendre et ainsi aimer son œuvre.
            En premier lieu, on peut intercepter et approuver le message que veut soutenir l’écrivain sans pour autant connaître sa vie. Emile Zola serait la grande référence de ce premier argument, il a écrit de nombreux articles dans les journaux comme « J’accuse » afin de défendre Dreyfus dans l’affaire Dreyfus. Il exprime beaucoup ses opinions notamment envers le gouvernement par le bien des journaux, donc le nom d’Emile Zola n’est inconnu de personne mais peu savent en détails toute sa vie ce qui nous prouve bien que nous ne devons pas obligatoirement connaître la biographie d’un auteur pour comprendre et aimer son œuvre (suite a « J’accuse », tous les Dreyfusard soutenaient Emile Zola sans vraiment savoir qui il était). De même pour les comédies de Molière comme L’École des Femmes ou encore Les Femmes Savantes dans lesquels il critique la vision de la femme, qu’elles ne sont pas traités a leur juste valeur. Agnès dans L’École des Femmes est un jeune demoiselle totalement sous l’emprise de son futur époux, Arnolphe, qui prévoit un mariage forcé avec elle et par conséquent décide de modeler le caractère, l’image de sa futur femme comme bon lui semble. Dans Les Femmes Savantes, les femmes ne sont pas reconnues comme intelligentes or elles possèdent les mêmes droits que les hommes. Derrière le rire, Molière dénonce de vrais sujets importants pour la société. De même que pour Emile Zola, le nom de Molière n’est pas inconnu de tous mais sa biographie quant à elle est peu connue, ce qui prouve bien qu’il n’est pas nécessaire de connaître la vie de l’écrivain pour apprécier ses œuvres.
                   Enfin il n’est pas nécessaire de connaître la biographie de l’auteur pour apprécier ses œuvres, cela au contraire nous permet de maintenir une part de suspense, de magie, d’évasion au sein de la création littéraire. Les romans de fiction (majoritairement) ne nécessite pas de savoir la vie de l’auteur afin de comprendre et aimer l’œuvre vu qu’il s’agit d’une histoire fictive, totalement inventé. L’histoire qu’ensuite l’auteur décide d’écrire influence beaucoup cette sensation de mystère, comme Le Horla de Maupassant, on se demande toujours comme va finir le roman. Dans Thérèse Raquin d’Emile Zola on se demande si Thérèse et Laurent vont finalement tuer Camille pour pouvoir vivre pleinement leur bonheur à tous les deux. Dans certains poèmes du recueil Les Fleurs du Mal de Baudelaire comme « L’Albatros », « Le Vampire », « Un Fantôme » et beaucoup d’autres relèvent de la fiction ou encore dans les romans de Carlos Ruiz Zafón tels que El Palacio de la Medianoche, La Sombra del Viento, El Juego del Angel et bien d’autres ne nécessitent pas de connaître la biographie de l’auteur puisse qu’il s’agit d’histoire fictive, par conséquent connaître la vie de l’écrivain ne s’avère d’aucune utilité. Il existe une infinité de romans, de poèmes ou encore de pièces de théâtres qui laisse le mystère s’exprimer, ce qui nous prouvent qu’encore une fois la biographie de l’auteur n’est pas nécessairement utile a la compréhension et l’appréciation de l’œuvre.



              Pour conclure, on peut en déduire qu’il n’est pas forcément nécessaire de connaître la biographie de l’auteur pour comprendre et aimer ses œuvres. Elle peut être bénéfique ou bien d’aucune utilité mais dans les deux cas les lecteurs savent apprécier, la plupart du temps, les œuvres proposé par les différents auteurs a leur juste valeur. De nombreux auteurs ou dramaturges connu de leur vivant comme Emile Zola, Molière, Shakespeare et bien d’autres n’ont pas nécessairement suscité chez le lecteur un besoin de connaître leur biographie alors que de la Martine ou René Char ont suscité ce besoin là. Plus tard les idées reçus évolueront mais le principe sera le même : il n’est pas primordial de connaître la biographie de l’auteur pour pleinement profiter de son œuvre.
 

Joanne W., mai 2016.

***

Devoir de Luca M. : 

 

             Depuis la nuit des temps, la littérature est un art privilégié pour transmettre les émotions. Derrière chaque œuvre littéraire, comme derrière tout morceau musical se cache un compositeur muni d’une plume : l’auteur. Celui-ci est tantôt connu, tantôt méconnu voire anonyme, mais son travail est dans la plupart des cas jugé et critiqué par les destinataires, le public. Nous allons voir s’il est nécessaire de connaître la biographie d’un écrivain pour comprendre et aimer son œuvre. Autrement dit, le fait de bien connaître ou non la vie de l’auteur influence-t-il la compréhension et le succès de son œuvre? Nous allons exploiter cette question sous deux angles non seulement différents mais également opposés.  Premièrement, nous verrons qu’il est vrai que parfois l’appréciation et la compréhension d’un texte résultent d’une bonne connaissance de la biographie de l’écrivain ; deuxièmement, nous montrerons qu’il est possible de bien comprendre et apprécier une œuvre sans pour autant bien connaître les évènements marquants de la vie de son auteur.

 


         En premier lieu, il se peut que l’impact d’une œuvre sur le public dépende de ce que ce dernier connaît de la vie de l’auteur. En effet, le fait d’être averti des événements auxquels il a été confronté au cours de son existence peut faire que l’on aime et comprenne davantage son message. Ainsi l’amour, et particulièrement la désillusion amoureuse ou la perte de l’être aimé, a été source d’inspiration poétique pour de nombreux auteurs appartenant au Romantisme, mouvement de l’expression du «Moi» et des sentiments. Alphonse de Lamartine, qui appartient à ce mouvement, a composé plusieurs poésies à forte tonalité lyrique, dont «Le lac» in Méditations Poétiques (1821), son oeuvre la plus renommée. On ne pourrait pas en saisir pleinement le sens si on ne connaissait pas la romance tragique entre le poète et Julie Charles, rencontrée en 1816 sur les rives du Lac du Bourget où la jeune fille suit une cure afin de soigner sa tuberculose. Cette dernière n’est pas au rendez-vous l’été suivant, et le poète devine qu’elle va mourir. Lamartine projette sa peine sur la nature environnante (le lac) en employant le registre élégiaque, le caractère dramatique du texte ne se révèlant qu’à ceux qui connaissent son histoire. Guillaume Apollinaire évoque également l’amour perdu dans « Le Pont Mirabeau» (1912) in Alcools. Il empruntait ce pont pour revenir à pied de chez Marie Laurencin, avec laquelle il eut une relation de quatre ans. Connaître la vie sentimentale tourmentée de ces deux auteurs apporte une valeur ajoutée dans la compréhension de leurs textes, empreints du même lyrisme douloureux. Plus généralement, connaître les états d’âme de l’écrivain peut aider à ressentir les émotions plus intensément.                               
         En outre, l’état psychique de l’auteur peut influencer ses écrits. La folie, l’instabilité mentale de l’écrivain naturaliste, réaliste et fantastique Guy de Maupassant se sont répercutées dans ses romans. En effet, atteint de syphilis, ses perceptions de l’espace et de soi étaient perturbées, et il subissait parfois des crises de schizophrénie. Ces attaques sont décrites dans Le Horla, dans lequel le narrateur voit subitement  son reflet disparaître du miroir et où le thème du double est omniprésent. Dans Une Vie (1883), au chapitre VII, Maupassant décrit les symptômes du malaise de Jeanne qui fuit après avoir surpris Rosalie dans le lit de son mari Julien. Ses descriptions sont médicales, à la limite du scientifique. Les caractéristiques naturalistes présentes dans cet extrait se superposent à une ambiance fantastique ; le rationnel se superpose à l’irrationnel, comme lors des crises perturbant la vie de l’auteur. Cette fois-ci, bien connaître l’état mental de l’écrivain permet de mieux comprendre et apprécier son travail.
     Par ailleurs, il existe des œuvres dont le sens n’est clair que si on les appréhende en connaissant la biographie de l’auteur, le mouvement littéraire auquel elle appartient et le contexte dans lequel l’œuvre a été écrite. Cela se vérifie en particulier dans les textes surréalistes dont la beauté réside dans l’implicite. Ainsi, dans «Affres, détonation, silence» (in Fureur et mystère, 1947), René Char emploie une forme de langage implicite et complètement déstructurée pour parler d’un souvenir prégnant : la disparition de Roger Bernard, son camarade au sein de la Résistance. Cette poésie surréaliste qui à première vue paraît floue et hermétique devient compréhensible et touchante lorsque l’on sait ce que l’auteur a vécu et les événements qui ont inspiré son écriture. 

 


          Bien que le fait de connaître la biographie de l’auteur favorise dans de nombreux cas une bonne compréhension et appréciation de son œuvre par les lecteurs, cette condition n’est pas toujours nécessaire. Tout d’abord, les personnages mis en scène par l’écrivain dans ses œuvres ne sont pas forcément contemporains de celui-ci. Les dramaturges classiques du XVIIème siècle en France tel que Pierre Corneille et Jean Racine ont écrit des tragédies dont l’intrigue se déroule dans l’Antiquité, on est donc bien loin du XVIIème siècle. Par exemple l’intrigue du chef-d’œuvre de Corneille, Le Cid, ne se déroule pas à  l’époque classique, mais au XIème siècle en Espagne. Elle ne fait pas référence à des événements vécus par l’auteur. Ainsi la plupart du temps, lorsque le cadre temporel de la pièce n’est pas identique à l’époque de l’écrivain, il n’y a pas de rapport entre son œuvre et sa vie personnelle. Par conséquent, il n’est pas impératif de connaître en détails la biographie de l’auteur pour pouvoir comprendre et apprécier sa production.
               Il est également possible que l’écrivain décrive la société qui l’entoure sans qu’aucun rapprochement avec sa vie privée ne soit utile pour comprendre et apprécier ses écrits. C’est le cas pour la plupart des romanciers réalistes et  naturalistes du XIXème siècle, qui dépeignent la médiocrité et les vices d’une société nouvelle en pleine révolution industrielle. On peut lire Le Père Goriot d’Honoré de Balzac, L’Assommoir d’Emile Zola ou encore Madame Bovary de Gustave Flaubert, et parfaitement saisir le sens de ces romans sans pour autant connaître la biographie de leurs auteurs.
        Enfin, l’Histoire a montré que des écrivains dont on ne connaît pas ou très peu la vie ont pu écrire des œuvres comprises et aimées du public. Ainsi, on peut prendre pour exemple une œuvre universellement étudiée, La Bible, qui a été écrite à plusieurs mains. Si les auteurs sont identifiés pour certaines parties, il n’en va pas de même pour d’autres extraits, dont on ne sait pas dire avec certitude par qui ils ont été rédigés. De même, l’Iliade et l’Odyssée attribuées à Homère sont des œuvres phares de notre culture. Certains spécialistes affirment cependant qu’il est peu probable que ces deux ouvrages aient été entièrement rédigés par une seule et unique personne. D’autres remettent même en question l’existence du poète, et pensent que son nom et les nombreuses biographies dont il a fait l’objet sont pure invention.  Toujours est-il que ces quelques œuvres ont été comprises et appréciées malgré le fait que la biographie de leurs auteurs ne soit floue voire inconnue.

 


            Pour conclure, nous pouvons affirmer que l’intelligibilité d’une œuvre et le plaisir que l’on éprouve à la lire vont souvent de pair avec une connaissance de la vie de l’écrivain. Connaître la biographie de l’auteur n’est toutefois pas indispensable pour comprendre et aimer sa création dans certains cas. Plusieurs auteurs ont d’ailleurs choisi d’écrire sous un pseudonyme pour ne pas être reconnus et ainsi conserver le mystère entourant leur vie personnelle. C’est notamment le cas de Romain Gary, qui, afin de surprendre son public et se renouveler a choisi durant sa carrière littéraire d’utiliser plusieurs pseudonymes. Ce choix lui a permis d’obtenir le prix Goncourt par deux fois. La première en 1956 pour Les racines du ciel publié sous son vrai nom ; et la deuxième en 1975 sous le pseudonyme Emile Ajar pour La vie devant soi. La supercherie ne sera révélée qu’après son décès, dans son œuvre posthume Vie et mort d’Emile Ajar, à la surprise générale.

 

Luca M., mai 2016.


Date de création : 06/06/2016 @ 10:16
Dernière modification : 06/06/2016 @ 10:16
Catégorie : Copies d'élèves 2015/2016
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