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Copies d'élèves 2017/2018 - Question de corpus 2nde 3

2nde                                                  Séquence n°4 : Le héros et le genre théâtral

Objet d'étude : La tragédie et la comédie au XVIIème siècle : le Classicisme

Problématique : Le héros face au déchirement tragique

Corpus :       

·         extrait d’Horace (acte IV, scène 5, vers 1278 à 1318), de CORNEILLE (1640).

·         Britannicus (1669), de Racine (extrait) : acte II, scène 6, vers 707 à 742.

·         Phèdre (II ; 5, vers 671 à 711) de RACINE (1677).

 

 

1.       Extrait d’Horace (acte IV, scène 5, vers 1278 à 1318), de CORNEILLE (1640).

 


Camille. 
Donne-moi donc, barbare, un coeur comme le tien ;
Et si tu veux enfin que je t'ouvre mon âme,
Rends-moi mon Curiace, ou laisse agir ma flamme :
Ma joie et mes douleurs dépendaient de son sort ;
Je l'adorais vivant, et je le pleure mort.
Ne cherche plus ta soeur où tu l'avais laissée ;
Tu ne revois en moi qu'une amante offensée,
Qui comme une furie attachée à tes pas,
Te veut incessamment reprocher son trépas.
Tigre altéré de sang, qui me défends les larmes,
Qui veux que dans sa mort je trouve encor des charmes,
Et que jusques au ciel élevant tes exploits,
Moi-même je le tue une seconde fois !
Puissent tant de malheurs accompagner ta vie,
Que tu tombes au point de me porter envie ;
Et toi, bientôt souiller par quelque lâcheté
Cette gloire si chère à ta brutalité !

Horace.
Ô ciel ! Qui vit jamais une pareille rage !
Crois-tu donc que je sois insensible à l'outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d'un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.

Camille.
Rome, l'unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n'est assez de toute l'Italie,
Que l'orient contre elle à l'occident s'allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l'univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu'elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes voeux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,  
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !

 

2.       Britannicus (1669), de Racine (extrait) : acte II, scène 6, vers 707 à 742.

 

Britannicus

Vous ne me dites rien ? Quel accueil ! Quelle glace !

Est-ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce ?

Parlez : nous sommes seuls. Notre ennemi trompé

Tandis que je vous parle est ailleurs occupé.

Ménageons les moments de cette heureuse absence.

 

Junie

Vous êtes en des lieux tout pleins de sa puissance.

Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux,

Et jamais l'empereur n'est absent de ces lieux.

 

Britannicus

Et depuis quand, Madame, êtes-vous si craintive ?

Quoi ? déjà votre amour souffre qu'on le captive ?

Qu'est devenu ce coeur qui me jurait toujours

De faire à Néron même envier nos amours ?

Mais bannissez, Madame, une inutile crainte.

La foi dans tous les coeurs n'est pas encore éteinte ;

Chacun semble des yeux approuver mon courroux,

La mère de Néron se déclare pour nous,

Rome, de sa conduite elle−même offensée...

 

Junie

 

Ah ! Seigneur, vous parlez contre votre pensée.

Vous−même, vous m'avez avoué mille fois

Que Rome le louait d'une commune voix ;

Toujours à sa vertu vous rendiez quelque hommage.

Sans doute la douleur vous dicte ce langage.

 

Britannicus

Ce discours me surprend, il le faut avouer.

Je ne vous cherchais pas pour l'entendre louer.

Quoi ? pour vous confier la douleur qui m'accable,

A peine je dérobe un moment favorable,

Et ce moment si cher, Madame, est consumé

A louer l'ennemi dont je suis opprimé ?

Qui vous rend à vous−même, en un jour, si contraire ?

Quoi ! même vos regards ont appris à se taire ?

Que vois-je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux ?

Néron vous plairait-il ? Vous serais-je odieux ?

Ah ! si je le croyais... Au nom des dieux, Madame,

Eclaircissez le trouble où vous jetez mon âme.

Parlez. Ne suis-je plus dans votre souvenir ?

 

Junie

Retirez-vous, Seigneur ; l'empereur va venir.

 

 

3.  Phèdre (II ; 5, vers 671 à 711) de RACINE (XVIIème siècle).

 

On a annoncé la mort de Thésée, roi d’Athènes et époux de Phèdre. Celle-ci a demandé un entretien à son beau-fils Hippolyte, au cours duquel elle veut lui recommander son jeune fils, qui peut devenir le nouveau souverain. Mais Phèdre, aveuglée par sa passion, va oublier sa démarche et avouer son amour à Hippolyte.

 

PHEDRE

Ah ! cruel, tu m'as trop entendue.

Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.

Hé bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.

J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,

Innocente à mes yeux je m'approuve moi-même,

Ni que du fol amour qui trouble ma raison

Ma lâche complaisance ait nourri le poison.

Objet infortuné des vengeances célestes,

Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes.

Les Dieux m'en sont témoins, ces Dieux qui dans mon flanc

Ont allumé le feu fatal à tout mon sang,

Ces Dieux qui se sont fait une gloire cruelle

De séduire le coeur d'une faible mortelle.

Toi-même en ton esprit rappelle le passé.

C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé.

J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine.

Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.

De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?

Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.

Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.

J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes.

Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,

Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.

Que dis-je ? Cet aveu que je te viens de faire,

Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?

Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,

Je te venais prier de ne le point haïr.

Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime !

Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même.

Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour.

Digne fils du héros qui t'a donné le jour,

Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite.

La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte !

Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper.

Voilà mon coeur. C'est là que ta main doit frapper.

Impatient déjà d'expier son offense,

Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.

Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,

Si ta haine m'envie un supplice si doux,

Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée,

Au défaut de ton bras prête-moi ton épée.

Donne.

 

 

QUESTION : vous étudierez le déchirement tragique dans le corpus proposé.

Devoir d’ I.T. :

    Le corpus proposé est composé de trois extraits de tragédies classiques du XVIIème siècle. Le premier extrait (acte IV, scène 5, vers 1278 à 1318) provient d’ Horace de Corneille, écrit en 1640. Le second extrait est tiré de Phèdre (acte II, scène 5, vers 671 à 711), écrit par Racine en 1677. Enfin, le dernier extrait, également écrit par Racine, en 1669, a été puisé dans Britannicus (acte II, scène 6, vers 707 à 742). À travers l’analyse de ces pièces, des parangons du théâtre classique, il serait intéressant d’étudier le déchirement tragique. Pour ce faire, il serait intéressant d’analyser en premier lieu le déchirement intérieur du héros, provenant du dilemme entre passion et devoir, puis en deuxième lieu d’étudier les moteurs principaux qui mènent inéluctablement à la perte de l’héros.

 

      Tout d’abord, le devoir et la passion sont des pôles opposés, cependant tous deux figurent dans les tragédies revisitées du siècle du Classicisme. Le héros cornélien favorise le devoir et adopte une attitude stoïque, il reste maître de ses sentiments et fait preuve d’abnégation, comme le fait Horace, personnage éponyme; “Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur”- pour Horace se laisser proie à la passion est une transgression politique et morale, une insulte à sa patrie, à “Rome”. Ce qui est contraire à sa soeur Camille, qui, emportée par l’ire puisque la victoire de Rome était au dépens de son amant, Curiace, lance des imprécations et maudit Rome par le biais d’une hypotypose  qui suscite le spectateur à s’imaginer une apocalypse: “voir ses maisons en cendre”. Le héros racinien est prisonnier dans le cercle vicieux d’une des formes de la passion; l’amour. “Passion” vient en effet du latin patior qui signifie souffrir. Cela s’observe à travers l’empereur Néron, dans Britannicus. Malgré que celui-ci ait un pouvoir absolu, “jamais l’empereur n’est absent de ces lieux”, sur le plan amoureux, la passion qu’il voue à Junie est à sens unique- ce n’est qu’en se conduisant en maître absolu qu’il trouvera un dérivatif à la tyrannie de son amour auquel il est esclave. De ce sort, Néron néglige son devoir; gouverner Rome. Il accorde à son bonheur personnel une valeur plus importante qu’à l'intérêt général. Phèdre, de même, souffrira d’un amour non-réciproque. L’affront entre ces voies incompatibles; passion et devoir, est illustré tout au long de ces extraits par les antithèses; “Néron vous plairait-il? Vous serai-je odieux?” et les ponctuations fortes  qui expriment l’accablement et le conflit interne de l’héros- ce conflit est ainsi un phénomène cathartique. Les spectateurs languissent et endurent tous les événements anéantissants de l’héros, par conséquent ils purgent leurs passions et se libèrent d’une accumulation d’émotions .

 

    Il est ensuite évident que le déterminisme implacable qu’engendre la passion mène le héros à sa destruction. Phèdre, victime des violences de ses sentiments, d’un amour incestueux, accuse une force supérieure pour son amour irrationnel: “ces Dieux qui dans mon flanc ont allumé le feu fatal à tout mon sang”. En effet, la lucidité de l’héros est caractéristique de la crise tragique. Le personnage est transformé en jouet des dieux, “Objet infortuné des vengeances célestes”- toute tentative d’échappement, “mes inutiles soins”, est vaine. Le personnage a pour seul recours la lamentation, ou l’utilisation du genre délibératif comme le fait Camille, pour invoquer des puissances supérieures: “Que le courroux du ciel allumé par mes voeux Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux!”. La faiblesse et vulnérabilitée de la condition humaine est ainsi représentée: la mort est inéluctable, d’où le désir de Phèdre de s’immoler. Elle définit le caractère restreint et éphémère de l’existence humaine, “impatient déjà d’expier son offense”. L’héros montre une résignation, il est las de vivre, la vie lui sied mal. Cela contribue au pathos des scènes. En parlant de Néron en utilisant des termes dépréciatifs, “l’ennemi”, Britannicus signe désormais sa mort sans le savoir. La tragédie serait finalement une cérémonie funèbre; l’être humain est impuissant face à son destin fatal, au fatum.

 

    Pour conclure, ces trois extraits mettent en scène un héros désespéré, excepté le héros cornélien, confronté à une décision douloureuse; celle du suivi du devoir ou de la passion. Poussé par des facteurs externes, la passion surmonte le devoir- un choix qui accélère le déclin de l’héros. Finalement, nous pouvons nous interroger sur le degré de liberté que possède le héros tragique; dans Julius Caesar de Shakespeare, Cassius dit “la faute cher Brutus, n’est pas dans nos étoiles mais en nous-mêmes”- ce serait la faiblesse du héros qui lui assurerait la mort.

 

I.T., 2nde section internationale, mai 2018.

***

Devoir de Tony P. : 

Le corpus proposé est composé de trois extraits de tragédies classiques. Le premier texte est un extrait de Horace de Pierre Corneille, grande figure du théâtre classique. Le deuxième texte est tiré de Phèdre de Jean Racine, autre très grand auteur du classicisme, courant culturel, esthétique et artistique apparu pendant la seconde partie du XVIIème siècle en France et plus largement en Europe. Enfin, le troisième texte émane de la pièce Britannicus du précèdent auteur, rival de Corneille. Il serait intéressant d’étudier de quelle manière le déchirement tragique face au pouvoir est représenté dans l’ensemble de ces textes. Dans un premier temps, nous allons analyser la représentation d’un pouvoir violent et autoritaire qui fait prévaloir le devoir sur la passion et en deuxième temps, le déchirement tragique qui par son dénouement fatal fait régner la raison comme seule voie à suivre.

Le pouvoir est omniprésent dans ces trois extraits, représenté par un personnage fort, dominateur et violent mais aussi faisant face au héros déchiré pour lui montrer le choix qu’il doit faire. En effet, dans le premier texte, le pouvoir est représenté par Horace, grand soldat romain victorieux sur les Curiace. La violence du personnage est présentée alors que sa sœur Camille pleure la mort de son amant, l’un des Curiace. Celui-ci lui dit : « Aime, aime cette mort », répétant deux fois le verbe aimer à l’impératif, insistant sur cet ordre assené violemment à sa sœur en plein deuil. Horace insiste également sur l’importance du devoir en déclarant : « Et préfère du moins au souvenir d’un homme ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome ». Il impose donc à sa sœur de donner priorité à l’intérêt général de sa patrie et de sa ville, Rome, devant sa passion individuelle, ce qui cause donc son déchirement tragique. Dans le deuxième texte, le représentant du pouvoir, Hippolyte, ne parle pas, mais le pouvoir est dépeint à travers la tirade du personnage déchiré, Phèdre. Hippolyte, fils de Thésée, roi d’Athènes récemment défunt, pourrait devenir le nouveau roi, avec comme seul rival le fils de Thésée et Phèdre. La violence de celui-ci est révélée lorsque Phèdre déclare : « Tremblante pour un fils que je n’osais trahir/Je te venais prier de ne point le haïr ». Elle supplie Hippolyte de ne pas tuer son fils, acte d’une extrême violence surtout à l’encontre d’un jeune enfant. Il n’ordonne jamais directement à Phèdre de privilégier la raison sur la passion mais celle-ci l’exprime en prenant un point de vue extérieur et déclamant : « La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! », ce qui renforce l’aspect interdit de cet amour face au pouvoir et à la morale. Ainsi, celle-ci demande à son beau-fils : « Venge-toi, punis-moi », sachant bien qu’elle ne peut plus vivre après cet aveu, ayant suivi son cœur en exilant Hippolyte. Dans le troisième texte, la vision du pouvoir est différente, deux perceptions du pouvoir étant présentées. La première est incarnée par Néron, empereur fou qui fit brûler Rome. Obligeant Junie à signifier à Britannicus qu’elle ne l’aime pas pour l’épargner d’être tué, Néron symbolise alors un pouvoir tyrannique, violent, qui privilégie son intérêt particulier devant l’intérêt général. Le caractère abusif de ce pouvoir est traduit au travers des propos de Britannicus : « ennemi donc je suis opprimé », « chacun semble des yeux approuver mon courroux », « Rome, de sa conduite elle-même offensée ». Par ailleurs, Britannicus s’oppose à ce pouvoir, se référant à Néron en tant que « ennemi ». Il sert alors Rome et prône un retour à un pouvoir guidé par la raison. Il respecte alors l’esthétique classique et représente donc le pouvoir traditionnel qui fait prévaloir la raison sur la passion.

Ce pouvoir violent et autoritaire qui donne priorité à la raison devant la passion engendre le déchirement tragique du héros qui expose le choix de la passion comme un choix inévitablement funeste. En effet, dans l’ensemble des textes, les héros déchirés expriment leurs sentiments avec un registre pathétique et suivent leur passion, ce qui les mène à la mort. Dans Horace, Camille doit choisir entre confronter son frère qui a tué son amant ou acclamer son acte patriotique. Elle manifeste son chagrin en déclarant « Je le pleure mort », en se qualifiant « d’amante offensée » ou encore utilisant le déterminant possessif « mon » pour se rapporter au Curiace dans « Rends moi mon Curiace », renforçant l’aspect pathétique de son discours. Une réelle perte de contrôle est perçue ici alors qu’elle laisse sa colère prendre le dessus et insulte son frère très violemment : « Puissent tant de malheurs accompagner ta vie, / Que tu tombes au point de me porter envie », avec des phrases exclamatives caractéristiques du registre tragique. Elle lance enfin une imprécation contre Rome afin que la ville soit détruite : « Que le courroux du ciel allumé par mes vœux/Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ». Camille a donc choisi la passion en confrontant son frère et en souhaitant la destruction de sa ville natale et finit donc inévitablement tuée par son frère en conséquence de son acte. Dans Phèdre, le personnage éponyme a le choix entre révéler son amour impossible pour Hippolyte ou recommander son jeune fils comme nouveau souverain, culpabilisant intérieurement de cet amour contraire à la morale. Dans sa longue tirade, elle témoigne dès les premiers vers de son amour pour son beau-fils : « J’aime. Ne pense pas qu’au moment où je t’aime… ». Celle-ci se qualifie « d’objet infortuné des vengeances célestes » et assure à Hippolyte « Je m’abhorre encore plus que tu ne me détestes », donnant un aspect pathétique à sa tirade. Elle perd réellement le contrôle de ses émotions et décrit l’aspect inexorable de cet amour en déclarant : « ces dieux qui dans mon flanc/ Ont allumés le feu fatal à tout mon sang ». Phèdre est soumise à la toute-puissance de la passion et des dieux et après avoir fait cet aveu, sa mort est inexorable alors qu’elle a révélé avoir suivi sa passion en exilant Hippolyte : « Je t’ai chassé/J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine ».  La reine doit donc mourir de cet amour interdit et demande donc à son beau-fils, en utilisant l’impératif : « Venge-toi, punis-moi » ou encore « Frappe ». Son aveu aura donc été fatal pour elle. Enfin, dans Britannicus, Junie doit choisir entre sauver Britannicus en lui signifiant qu’elle ne l’aime plus comme l’exige Néron, suivant alors la raison, ou se révolter contre l’empereur au risque de la mort de son bien-aimé, suivant alors la passion. Le contexte est alors différent alors que Junie va suivre la raison mais c’est Britannicus qui en, suivant sa passion, va signer son propre arrêt de mort . Junie ne pouvant exprimer de sentiments, le registre pathétique se retrouve donc dans les propos de Britannicus qui incrédule, répond à la froideur de Junie en lui demandant si elle est « craintive », si « son amour souffre qu’on le captive » et l’oblige à « bannir une inutile crainte ». A l’inverse des précédents textes, Junie suit la raison mais Britannicus révèle son opposition au pouvoir tyrannique de Néron, déclarant « notre ennemi trompé » et « Chacun semble des yeux approuver mon courroux/ La mère de Néron se déclare pour nous/Rome, de sa conduite elle-même offensée… ». La structure de sa réplique démontre une nouvelle fois l’opposition radicale entre les deux hommes, notamment avec le chiasme « Retirez-vous Seigneur, l’empereur va venir ». Le spectateur fait face à une ironie dramatique alors que l’aspect fatal de la mort de Britannicus est exposé lorsqu’il dévoile son opinion politique sur Néron.  En suivant sa passion et révélant son hostilité au pouvoir, Britannicus entraîne sa propre mort et finit donc empoisonné par Néron.

Dans l’ensemble des textes, un pouvoir autoritaire, violent faisant prévaloir la raison sur la passion est créateur du conflit et du déchirement tragique. Ce déchirement souligne donc par son dénouement la nécessité d’exclure un choix guidé par la passion, qui entraîne le héros vers une perte de contrôle et ainsi, une mort inéluctable. Le courant du Romantisme n’ayant pas encore apparu à l’époque, les mentalités étaient alors différentes. Le pouvoir devait toujours être représenté comme supérieur et raisonnable et les personnages soumis à leurs sentiments devaient donc être punis de mort, afin de plaire au public de la cour royale de l’époque.

 

Tony P., 2nde section internationale, mai 2018.

 

***

Devoir d'Alexandre B. : 

 

Le corpus proposé est ici composé de trois oeuvres théâtrales tragiques classiques. La première est un extrait de Horace (acte IV, scène 5, vers 1278-1318) écrit en 1640 par le dramaturge classique Corneille qui rassemble une composition comportant tragédies et comédies, la deuxième est ensuite un extrait de Phèdre (acte II, scène 5, vers 671-711) écrit en 1672 par l'auteur classique Racine qui au XVIIeme siècle fait grande concurence à Corneille et enfin un dernier extrait de Britannicus ( acte II, scène 6, vers 707-742), composé en 1669 également par Racine. Il serait donc attrayant d'étudier la manière dont le déchirement tragique du héros face au pouvoir est représenté. Ainsi, il est possible en premier lieu d'étudier le pouvoir, source de déchirement dans le textes du corpus et ensuite s'intéresser à la caractéristique classique du déchirement tragique des héros.

 

Il est évident que dans chacun des textes, la figure du pouvoir instaure un conflit voire un déchirement du héros : ici il opposera notamment une passion violente au devoir et à la morale comme dans la plupart des tragédies classiques. Le pouvoir de Rome et de Horace (dans Horace) est omniprésent et autoritaire à l'égard de l'héroïne Camille qui verra sa passion qui est le voeu de venger son amant mort Curiace, se faire anéantir par la priorité du devoir (glorifier Rome pour sa victoire meurtrière) comme le désire le pouvoir : pour Camille, les mots ”mort” et ”charme” (v.11) forment une antithèse alors que pour Horace et Rome ”mort” et ”bonheur” (v.21) sont synonymes ce qui accentue le déchirement du héros qui se voit forcé à penser en désaccord avec ses vrais sentiments. Il en est de même dans Phèdre, lorsque l'héroïne éponyme Phèdre entre en dialogue avec la nouvelle figure du pouvoir Hypollite accompagné par la fatalité des Dieux. Phèdre désire avouer son amour pour celui-ci cependant contraire à la morale instaurée par le pouvoir puisqu'il serait considéré comme trahison envers Thésée porté disparu. Une fois encore, le pouvoir déchire le héros en imposant un devoir en opposition avec l'intense passion du héros qui dans ce cas le suffoque : le verbe ”aimer” (v.4) se situe à la fois à l'attaque et à la rime évoquant le cercle et démontrant l'emprisonnement du héros dans sa passion interdite. Cette passion interdite par le pouvoir est d'avantage démontrée avec Junie dans Britannicus puisqu'ici, l'amour est encore une fois banni. Néron, représentant de la tyrannie et du pouvoir corrompu, sépare l'héroïne de son amant Britannicus par jalousie et celle-ci se retrouve dans une situation classique du déchirement tragique dans laquelle un conflit intérieur est instauré opposant passion (exprimer son amour) à devoir (taire cet amour pour sauver Britannicus). Dans les cas précédent, le pouvoir instaurait le devoir mais ici, c'est le contraire puisque Néron est considéré comme ennemi de Rome. Il est créateur de ce déchirement, démontré par l'utilisation de Britannicus de nombreux termes et d'hyperboles péjoratifs à l'égard de l'empereur comme ”opprimé” (v.28), montrant donc l'impossibilité de la co-existence entre la passion et le devoir de Junie dans cette oeuvre caractéristique de la tragédie classique.

 

Ensuite, on constate l'existence d'une caractéristique propre à la tragédie classique dans les textes du corpus qui est celle du triomphe du devoir avant tout, surtout au dessus de toute forme de passion. Le déchirement tragique des héros fait donc règner en maître le devoir qui lui, à l'aide du pouvoir, contrôle leurs destins si tragiques. Un exemple clair est celui de Camille, héroïne dans Horace, qui décide d'agir à l'encontre de son devoir pour Rome. Elle est consummée d'une certaine facon par cette passion destructive et cette haine envers Rome démontré par les injures prononcées au sujet de Horace lorsque qu'elle exprime : ”Tigre altéré de sang” (v.10) ou encore l'imprécation lancée par celle-ci contre Rome en utilisant une gradation des ses ennemis ”voisins […] l'orient [...] l'univers” v.28/31/32 et ceci marquera sa fin tragique, achevée du même bras et de la même épée qui aura achevé Curiace. Ici, le devoir est donc vainqueur du déchirement tragique de Camille, exactement comme dans la tragédie classique, étant donné que celle-ci n'avait en fait aucun contrôle sur sa vie manipulée par le pouvoir de Rome qui malgré les deux meurtres commis par Horace, le vénère tel un héros par ses actes patriotiques. Phèdre est aussi victime d'un déchirement tragique puisque son amour trop intense l'empêche d'agir telle une ”marâtre” comme le voudrait son devoir. Elle est en agonie et suffoque, son souffle étant saccadé démontré par le rythme du vers 21 ”J'ai languis, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes”. L'héroïne est consciente de l'inutilité de cette lute pour la passion qui la déchire profondément puisque le devoir et la morale des Dieux seront toujours supérieurs, exprimé par la parole ”Cet aveu si honteux, le crois tu volontaire ?” (v.25). Elle finit donc aussi par mourir, la fatalité des Dieux inexorable étant omniprésente et en contrôle au dessus du destin Phèdre qui ne peut plus rien faire excepté accepter son sort tragique. De même pour Junie dans Britannicus, sa passion et son amour pour Britannicus finissent eux aussi par mourir à la mort de celui-ci. En ignorant son devoir envers Rome (désobéir à Néron) comme par exemple en le complimentant ”Rome le louait d'une commune voix […] sa vertu” (v.20), Junie donne priorité à sa passion et ses propres intérêts et donc le pouvoir, ici punisseur, sépare une dernière fois les amants non plus par le language mais par la mort physique et amoureuse puisque le coeur du héros restera brisé. Rien ne reste, excepté une nouvelle fois le devoir qui contrôle les destins, scélés par une mort digne du registre tragique, et déchire les êtres.

 

Finalement, les trois oeuvres démontrent bien la supériorité du pouvoir qui à la fois déchire le héros par ses obligations qui sont contraires à ses envies mais aussi fais dominer le devoir : le non respect de celui-ci amène un péril inévitable des héros tragiques qui n'ont plus d'emprise sur leur destin, et ce, observable dans chacun des textes. Cela peut être considéré comme une des règles de la littérature classique, encourageant le courage et l'honnête homme exactement comme dans la Rome et la Grèce antique. Cette structure très stricte amènera justement la liberté du Romantisme au XIXeme siècle qui elle, fera primer la passion et les sentiments.

 

Alexandre B., 2nde section internationale, mai 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Date de création : 27/05/2018 @ 15:48
Dernière modification : 31/05/2018 @ 17:07
Catégorie : Copies d'élèves 2017/2018
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