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2nde 1

 

Commentaire rédigé le 13 février 2020

 

Heureux qui comme Ulysse, in Les regrets (1558), de Joachim DU BELLAY (1522 – 1560).

 

Heureux qui (1), comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison (2),
Et puis est retourné, plein d'usage (3) et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos (4) de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

Plus mon Loir (5) gaulois, que le Tibre (6) latin,
Plus mon petit Liré (7), que le mont Palatin (8),
Et plus que l'air marin la douceur angevine (9).

 

Notes :

1 - Celui qui.
2 - La mythologie raconte que Jason, accompagné des Argonautes, était parti chercher la toison d’or, la peau d’un bélier.
3 - D’expérience.
4 - Le mot désigne un terrain clos (fermé, clôturé) de haies ou de murs. En ce cas, c’est un nom.
5 - Fleuve français. Ici, au masculin et sans « e », c’est en fait la Loire.
6 - Fleuve d’Italie passant, notamment, à Rome.
7 - Village d’Anjou dans lequel est né le poète. 
8 - L’une des sept collines de Rome.
9 - La douceur d’Angers, chef-lieu du département de Maine-et-Loire dans la région Pays de la Loire. Ses habitants s'appellent les Angevins.

 

 

Devoir d’Alicia P. :

 

 

            La Renaissance du XVIème siècle est une période d’effervescence intellectuelle, des arts et de la science. Elle verra naître l’Humanisme, un mouvement littéraire caractérisé par son retour aux modèles de l'antiquité gréco-latin et qui place l’Homme au centre. Joachim du Bellay, auteur humaniste, faisait partie de la Pléiade, un groupe de sept poètes français revendiquant l'indépendance, l'enrichissement et la généralisation de la langue française. Suite à son voyage décevant à Rome, Du Bellay rédigea son recueil, Les Regrets en 1558, dont est issu le sonnet en alexandrins, «Heureux qui comme Ulysse». Dans un premier temps, nous mettrons en avant la valeur destructrice de la fuite du temps et dans un second temps, nous verrons le désir inexorable du poète de rentrer chez lui.

 

            Tout d’abord, Joachim du Bellay emploie de nombreux procédés stylistiques pour mettre en avant l’aspect destructeur du temps qui passe. En effet, dans la première strophe, l’auteur utilise une antithèse pour opposer l’espoir et l’usure tout deux fruits de la fuite du temps. Il superpose des hyperboles appréciatives comme “Ulysse” (v1), “beau voyage” (v1) et “toison”, tous symboles des opportunités et du bonheur infini qu’offre le temps; notamment le “voyage” qui donne une sensation de liberté et d’exploration, à un discours digne du quotidien. “L’usage” (v3), “parents” (v4) et “raison” (v3), sont toutes choses beaucoup plus banales et humbles, mais néanmoins fort appréciées ici. Cette antithèse met en évidence la destruction liée à la fuite du temps, celle-ci capable d'abîmer et de ternir.
               En outre, cet aspect destructeur est perçu à travers le désespoir du poète. Ce dernier est mis en avant par l’emploi d’alexandrins qui donne l’impression que l’auteur endure les méfaits du temps. De plus, Du Bellay utilise deux césures à l'hémistiche au vers trois grâce à la virgule et au vers cinq avec la situation stratégique du terme “hélas”. Ces césures marquent le passage entre l’aspect élogieux du temps et son aspect péjoratif et dégradant. L’exclamation “hélas” accentue explicitement le désespoir du poète face à cette situation dont il n’a pas le contrôle. Le désespoir est une représentation de l’aspect destructeur de la fuite du temps.
              Enfin, Du Bellay présente d’autant plus l’aspect destructeur de la fuite du temps en le caractérisant comme une source d’incertitude et de vulnérabilité. Cela est révélé grâce à l’anaphore “reverrai-je” (v5/v7). Le poète ne détient aucun contrôle, aucune emprise sur le temps qui défile ce qui le limite et le restreint à poser des questions dont-il ne connaîtra jamais la réponse. Cette idée d’incertitude et même d'inquiétude et de souffrance est amplifiée par l’usage de ponctuation forte comme le point d’exclamation au vers quatre et cinq et le point d’interrogation au vers huit. D'après Joachim du Bellay, la fuite du temps présente un aspect ravageur, source de désespoir et de souffrance.

 

             La fuite du temps est explicitement dépeinte comme destructrice par l’auteur qui en profite pour énoncer son désir de retourner chez lui. Premièrement, son désir de retourner chez lui, un lieu qui lui est propre et cher, est révélé grâce au jeu de l’auteur entre la subjectivité et l'objectivité. Dans la première strophe, Du Bellay se sert de la troisième personne du singulier “il”, “ses” (v4), “son” (v4) pour narrer le poème. Cependant, dans le reste du poème il fait appel à la première personne du singulier “je” (v5/v7), “mon” (v5), et “ma” (v7). Cela lui permet de faire transparaître une sincérité et permet au lecteur de rentrer dans l'intimité du poète et faire preuve d’empathie ou tout simplement de comprendre son désir fondamental. L’intimité du lieu où il souhaite retourner et aussi présentée grâce aux adjectifs “petits” (v5) et “pauvre” (v7). Nous rentrons bien dans la subjectivité où la simplicité devient sa raison de vivre. L'authenticité du désir de Du Bellay est donc mise en évidence par l’emploi de la subjectivité.
              De surcroît, l’urgence du désir de l’auteur pour rentrer chez lui est énoncé grâce aux rimes embrassées et l’anaphore “Plus mon...que” (v9/v14). Les rimes embrassées mettent en avant un aspect cyclique, le désire de retourner à l’endroit de départ. La répétition du terme “plus” amplifie le désir car c’est un superlatif qui exagère l’impatience de l’auteur de quitter Rome pour retourner sur ses sentiers connus et “vivre entre ses parents” (v4). Cette ambition n’est pas qu’un rêve, une idée ou une proposition, mais en effet une envie inexorable. Du Bellay souhaite retourner chez lui, cela est cruciale.
           Enfin, l’auteur présente une abondance d'antithèses qui opposent les grands symboles de la Renaissance à Rome et la simplicité banale de ses origines. Il exprime de manière franche son désir le plus profond en choisissant “l’ardoise fine” (v11), le “Loir gaulois”, son “petit Liré” (v13) et “la douceur angevine” (v14) au “marbre dur” (v11), “le Tibre Latin” (v1), le “mont Palatin”(v1) et “l’air marin” (v14). En effet, cela paraît ironique car il préfère les choses les plus insignifiantes à la majestueuse Rome, d’un point de vue objectif. Cependant, le verbe “plaît” (v9/v11) montre bien que nous somme à nouveau sujets de subjectivité, ainsi cette préférence n’est pas digne de moqueries mais de l'expression d’un désir fondamental.

 

            En conclusion, grâce aux nombreux procédés stylistiques et figures de styles comme l’anaphore, l'antithèse et les césures à l'hémistiche, Du Bellay exprime de manière efficace son désir désespéré de retourner chez lui, fruit d’une fuite du temps destructrice. En effet, la fuite du temps peut être caractérisée comme néfaste. Cependant, étant donné que c’est un thème récurrent dans la littérature, il arrive que d’autres poètes y trouvent un aspect consolateur comme Charles d’Orléans dans son poème “Le temps a laissé son manteau”, au Moyen-Âge.

 

Alicia P., 2nde section internationale, mars 2020.

 

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Devoir de Z. F. :

 

         Le XVIe siècle est l’époque de la Renaissance ainsi que de l’Humanisme. Le mouvement humaniste est un mouvement littéraire et intellectuel qui est caractérisé par l’imitation des auteurs antiques. Joachim Du Bellay est un grand humaniste français et l’un des fondateurs  de la Pléiade, un groupe de poète qui utilise la langue française pour écrire. Lors d’un voyage en Italie, Joachim Du Bellay, est déçu du pays et écrit un recueil intitulé Les Regrets. Dans ce recueil se trouve le poème « Heureux qui comme Ulysse », un sonnet composé de deux quatrains et de deux tercets. Ce commentaire est axé sur la joie initiale que ressent le poète envers son voyage et sur la déception qui suit cette gaieté.

 

             Tout d’abord, Joachim Du Bellay représente son voyage comme un moment de gaieté. L’auteur évoque ce sentiment de contentement en utilisant le champ lexical de la joie comme le montre « Heureux » (v.1) ; « beau » (v.1) et « voyage » (v.1). Ce champ lexical amène un ton mélioratif au poème. Le vocabulaire de la bonne humeur permet de créer une atmosphère de gaieté dans le début du poème.                                                                       Ensuite, le poète fait plusieurs comparaisons et liens avec une aventure, accentuant l’excitation qu’il ressent envers son voyage. Premièrement, il compare son séjour en Italie comme celui d’ « Ulysse » (v.1) qui est un personnage de la mythologie grec. Cette référence à Ulysse illustre l’une des caractéristiques du mouvement Humaniste, soit, l’imitation de l’Antiquité. Joachim Du Bellay fait aussi une comparaison avec Jason et ses exploits, qui sont désignés par la périphrase du vers 2. Il accentue aussi la gloire de son aventure en le décrivant avec « plain d’usage et raison » (v.3). La comparaison entre les péripéties des personnages mythiques et le voyage de l’auteur accentuent le ton mélioratif du premier quatrain.
          De plus, le poète évoque l’aspect paisible des voyages. Joachim Du Bellay joue sur l’ouïe du lecteur avec l’allitération en [s] évoquée vers au 4  grâce aux mots « ses », « reste » et « sons ». Cette allitération pourrait imiter le sifflement du vent et donc accentuer le calme. Par ailleurs lorsque l’auteur dit « Vivre entre ses parents le reste de son âge ! » (v.4), il illustre une idée de protection. Joachim Du Bellay fait donc ressentir la quiétude chez le lecteur dans sa première strophe.

 

         Cependant, après avoir évoqué la gaieté du voyage dans le premier quatrain, Joachim du Bellay illustre la déception. Pour commencer il y a une transition à la première personne du singulier « je » (v.1) qui est renforcé par plusieurs déterminants possessifs « mon » (v.5, v.12, v.13), « ma » (v.8) et « mes » (v.9). Cette transition évoque une intimité. Le poème devient plus personnel et l’auteur démontre qu’il parle bien de lui. Joachim Du Bellay accentue le manque qu’il ressent avec les nombreuses antithèses du vers 9 jusqu’au vers 14. Les antithèses lui permettent de comparer la France, son pays, à l’Italie. L’auteur réussit à partager son manque avec le lecteur grâce à l’utilisation des antithèses et de la première personne du singulier qui révèle un signe du lyrisme.
          De plus, Joachim Du Bellay évoque son incertitude de rentre chez lui, en France, grâce à plusieurs mots interrogatifs. Son incertitude est montrée avec l’utilisation de questions et des mots interrogatifs « Quand » (v.5) et « quelle » (v.6). Ces mots indiquent et accentuent le doute et l’inquiétude de l’auteur.
          Enfin, le poète transmet son angoisse envers la fuite du temps pour accompagner sa tristesse. Le poème est écrit avec des vers qui comptent chacun douze syllabes, ce sont des alexandrins. Ce nombre de syllabes ne pourrait pas être aléatoire et représenter les douze mois de l’année. Joachim Du Bellay évoque la fuite du temps en étant destructive lorsqu’il accentue le mot « hélas » (v.5). En effet, ce mot est placé à la césure à l’hémistiche du vers et en plus il est suivi d’un point d’exclamation. Lorsque l’auteur évoque les deux fleuves, il pourrait essayer d’illustrer le fait que le temps coule comme l’eau des fleuves et que sa fuite est inexorable. Le poète pourrait également utiliser l’eau pour symboliser ses larmes de chagrins envers la situation. La fuite du temps accentue le manque que le poète ressent et installe en lui de l’inquiétude.  Joachim Du Bellay réussit donc à transmettre son désespoir face à la fuite du temps.

          

        En conclusion, dans son poème « Heureux qui comme Ulysse », Joachim Du Bellay évoque sa joie initiale envers son voyage qui est malheureusement suivi d’un désespoir profond. La fuite du temps est un thème récurrent traités par de nombreux auteurs, cependant elle ne prend pas toujours une valeur destructive. Par exemple, Jean de La Fontaine propose une vision consolatrice du passage de temps après un deuil dans sa fable « La jeune veuve » paru dans son recueil de Fables en 1668.

 

Z. F., seconde section internationale, mars 2020.

 

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Devoir d’ Anthony V. :

 

 

                 Le XVIe siècle est un siècle de renouveau intellectuel dans tous les arts, marqué par la redécouverte de l'Antiquité. L'Humanisme est le mouvement littéraire le caractérisant pendant la Renaissance italienne, avec l'Homme au centre du monde. Du Bellay était un auteur français Humaniste, membre de la Pléiade. Il a écrit un recueil intitulé Les Regrets, à la suite d'un voyage à Rome, cœur de la Renaissance.  Heureux qui comme Ulysse  est le sonnet, constitué d'alexandrins, le plus connu des Regrets. Il y exprime, en premier lieu, la fuite du temps destructrice d'espoirs de retour, puis le lyrisme malheureux et la déception de la Rome actuelle.

 

           Tout d’abord, le passage du temps est un thème très présent dans ce sonnet. On trouve des rimes embrassées dans les deux premiers quatrains, évoquant le cycle et la continuité, en se finissant comme au début. Le cycle évoqué dans ce sonnet met en valeur l’inéluctable passage du temps.
           De plus, l'auteur exprime le passage des saisons au fil du temps avec un champ lexical temporel : « vivre » (vers quatre), « âge » (vers quatre), « saison » (vers six). Il y a aussi l'évocation des quatre saisons avec l'utilisation des quatrains. Les saisons passent au fil du temps, autant que les vers au fil des strophes.
            D'ailleurs, le poète s'impatiente au fil du temps, et commence à douter de la possibilité de retour chez lui. On le remarque par l'utilisation de ponctuation forte interrogative et de pronoms interrogatifs : « point d’interrogation » (vers huit), « puis » (vers trois), « Quand » (vers cinq), « Quelle » (vers six). Le poète met en doute son retour chez les siens au fil du temps.

 

           Le passage du temps fait mettre en doute la possibilité de retour de Du Bellay, et cela va se traduire par l'expression de ses sentiments, et de sa perte d'espoir. Effectivement, il y a une antithèse entre le premier et les trois dernières strophes. L'utilisation d'éléments mythologiques gréco-latin dans le premier quatrain ; « Ulysse » (vers un), « conquit » (vers deux) montre un idéal de voyage tel que l'a réalisé Ulysse et son Odyssée. Un champs lexical mélioratif de ces éléments mythologiques est présent : « Heureux » (vers un), « beau » (vers un), « retourné » (vers trois), « vivre » (vers quatre). Or, l'expression de soi très présente avec des pronoms ou déterminants dans les vers suivants : « je » (vers cinq et sept), « me » (vers neuf et onze). Certains adjectifs épithètes semblent dépréciatifs, « petit village » (vers cinq), « pauvre maison » (vers sept). Mais cela est une interprétation objective, alors que les antithèses entre son domicile et Rome démontrent une préférence subjective aux lieux intimes. Le voyage du poète est bien moins réussi que celui d'Ulysse.
         En outre, Joachim Du Bellay exprime son souhait de retour avec des figures de style d'accentuation. Une anaphore d'antithèse, « plus… que » (vers neuf-dix, douze, treize-quatorze) exprime son amour pour sa patrie. La présence d'une ponctuation forte montre la force de sa nostalgie de sa patrie. Un terme, mis en évidence par la césure à l'hémistiche, est employé : « hélas » (vers cinq). L'auteur emploie un lyrisme fort, accentué par des figures de style.
         Enfin, le titre du recueil est Les Regrets, ce qui accentue l’envie de retour de Du Bellay auprès des siens. Du Bellay regrette son pays, déborde de nostalgie et de perd espoir.

 

                        En conclusion, Du Bellay exprime ses sentiments par un lyrisme malheureux qu’il oppose à la mythologie grecque. Le passage du temps n’apporte que souffrance et destruction d’espoirs de retour, fortement exprimés dans ce sonnet. On pourrait alors se demander si Ronsard, aussi membre de la Pléiade et Humaniste du XVIe siècle voit la fuite du temps de la même manière, dans « À Cassandre » in Les Odes.

 

  

Anthony V., seconde section internationale, mars 2020.

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Devoir d'Alexandre B. : 

 

       L’Humanisme est un mouvement littéraire et artistique majeur du XVIème siècle qui met en valeur la connaissance et la foi en l’être humain à travers les sciences. Joachim DU BELLAY qui en est un partisan chevronné évoque ses idées dans son recueil de poèmes intitulé Les Regrets en 1558. Le fameux poème « Heureux qui comme Ulysse » est un sonnet composé de deux quatrains suivis de deux tercets en alexandrin qui évoquent les pensées humanistes du poète à travers ses sentiments. Ce poème fait ressortir le souhait de découverte de DU BELLAY qui ne peut aboutir suite à son fort désir de retour dans sa ville natale.


       Tout d’abord, le souhait de découverte logique de cette époque est exprimé dans ce poème de diverses façons. Le premier mot du poème amorce l’idée appréciative de la découverte avec « Heureux » (v.1) qui est l’expression du sentiment de joie du début. Ce sentiment est accentué par deux références de personnages mythologiques héroïques qui sont partis loin de chez eux pour effectuer un voyage. Premièrement avec « Ulysse » (v.1) suivi de l’évocation de son « beau voyage » (v.1) qui dirige le ton mélioratif de la découverte. Puis par la périphrase « qui conquit la toison » (v.2) pour faire allusion à Jason, un second héros de la mythologie. Les souhaits de découverte sont ici mis en évidence par des allusions héroïques et joyeuses qui créent un ton appréciatif.
       De surcroît, cette idée est renforcée par la citation de nombreux endroits inspirant la découverte, comme « palais romains » (v.10), « Tibre latin » (v.12) ou encore « mont Palatin » (v.13). De plus, tous ces endroits font allusion à Rome, place forte de l’époque, et aspire à la découverte et à l’immensité qui en rend le lecteur idolâtre. A la fin du poème, « l’air marin » (v.14) fait référence au voyage et donc aux navires qui permettent l’exploration de nouveaux territoires. Les références récurrentes de termes évoquant Rome et l’exploration en font une idée principale du souhait de découverte dans le poème.
       Enfin, ce désir est exprimé une dernière fois à travers une diérèse et une hyperbole. Le mot « audacieux » (v.10) est mis en valeur par une diérèse sur le « i » qui fait de ce terme un mot de quatre syllabes et qui attire l’attention du lecteur sur le groupe nominal qu’il complète : « palais romains » (v.10). De plus, l’hyperbole des désirs humanistes de découverte et d’amour pour Rome à travers l’utilisation de matériaux précieux et chers comme le « marbre » (v.11) attire aussi l’attention du lecteur. Le « marbre » (v.11) est ici hyperbolique car il représente toute la ville de Rome comme si cette ville n’était construite que de marbre de façon à la rendre idolâtrée par le lecteur. Le souhait de découverte est ici évoqué à travers des figures de style de façon à accentuer l’admiration humaniste pour Rome.

 

      Dans ce poème, DU BELLAY propose un contraste entre le souhait de découverte humaniste qu’il exprime et son désir de retour dans sa ville natale qui lui manque terriblement. En premier lieu, le désir de retour est évoqué avec l’expression des sentiments du poète et donc du MOI de ce dernier. Cette idée est exprimée à travers l’utilisation de la première personne du singulier comme « je » (v.5 et v.7), « mon » (v.5, v.12 et v.13), « ma » (v.7), « m’ » (v.8), « me » (v.9 et v.11) ou encore « mes » (v.9). Cette forte récurrence des émotions propres au poète renforce l’idée du MOI du poète. De plus, le questionnement sur son retour avec le groupe verbal « reverrai-je » (v.8) accentue le fait que l’auteur n’est pas sûr de rentrer chez lui alors qu’il le veut. Le désir de retour est ici exprimé à travers les émotions propres au poète ainsi que ses questionnements.
     En second lieu, la récurrence d’évocation de lieu qui sont familiers à l’auteur tels que : « Loir gaulois » (v.12), « petit Liré » (v.13) ou encore « douceur angevine » (v.14) crée une tonalité pathétique car la remémoration de souvenirs du poète en devient émouvante. De plus, l’antithèse entre « l’ardoise fine » (v.11) évoquant les toits angevins de l’époque, et le « marbre dur » (v.11) qualifiant Rome accentue cette empathie du lecteur pour DU BELLAY. Cette antithèse est intensifiée par un paradoxe entre la « dur[eté] » (v.11) de la civilisation romaine de l’époque et les idées humanistes du poète qui devrait préférer Rome à sa petite province natale et qui admet donc deux idées contradictoires.  De surcroît l’anaphore de « plus […] que » (v.9, 11, 12, 13 et 14) ajoute une dimension de préférence avec le souhait de découverte qui met en valeur le désir de retour du poète. Les anaphores récurrentes de termes évoquant son enfance et de termes d’opposition accentuent le désir de retour de l’auteur.
       Enfin, le mot « hélas » (v.5) accentue le désespoir du poète qui malgré ses efforts n’est pas sûr de revoir sa ville natale. Ce mot est renforcé par une ponctuation forte avec un point d’exclamation (v.5) qui rend encore plus fort l’empathie qu’éprouve le lecteur pour le poète. De plus le titre du recueil Les regrets est un des premiers indices du désir de retour du poète car ce mot peut évoquer des actes inaccomplis comme peut-être cette envie du poète de rentrer chez lui, dans sa ville natale. La ponctuation forte liée au titre du recueil met en évidence le désir de retour du poète ainsi qu’une émotion pathétique pour le poète.

 

        En conclusion, le souhait de découverte et le ton appréciatif qui en est lié est confondu volontairement par DU BELLAY avec son désir de retour dans sa région natale qui lui manque. Cette dernière émotion, bien que paradoxale avec ses idées humanistes, est logique et sera directement liée avec la fuite du temps évoquée dans de nombreux poèmes et romans des siècles plus tard avec l’émergence de Jean GIONO ou encore de Victor HUGO.

Alexandre B., seconde section internationale, mars 2020.

 

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Devoir de Mauriane A. : 

       Le XVIème  siècle est marqué par l’Humanisme et la Pléiade, un groupe de sept poètes rejetant la littérature médiévale pour celle de l’Antiquité, dont Joachim du BELLAY fait partie. Ce poète français a toujours été fasciné par Rome et sa mythologie. Les Regrets est un recueil paru en 1558 suite à son voyage en Italie et la déception qu’il lui a suscité. Ce sonnet en alexandrin est l’un des textes les plus connus de ce poète. On y retrouve la fuite du temps et l’expression des sentiments malheureux du poète par le lyrisme.

 

      La fuite du temps est un thème important dans ce poème. On l’observe tout d’abord dans la structure du poème. Il s’agit d’un sonnet composé donc de quatre strophes pouvant faire référence aux quatre saisons de l’année. Il est écrit en alexandrin, vers de douze syllabes, comme les douze mois de l’année. Par de nombreuses césures à l’hémistiche (virgules aux vers 1, 3, 5, 6, 8, 12, 13) et une ponctuation forte avec un point d’exclamation au vers quatre et un point d’interrogation au vers huit, le poète ajoute de l’harmonie dans la diction du poème. Ainsi, le lecteur doit faire des pauses et des changements d’intonations. L’auteur utilise dans les strophes une, deux et entre le dernier vers de la strophe trois et la strophe quatre des rimes embrassées qui accentuent l’effet de rythme. Ce rythme caractérise un cycle, un effet de retour à la case départ qui se répète infiniment comme par exemple une journée qui se termine sur le commencement de la suivante. On peut l’appliquer plus généralement au temps qui passe et fuit de façon inéluctable et infinie.
       De plus, on observe le champ lexical du temps avec les mots « age » (v. 4), « Quand » (v.5) et « saison » (v.6). L’anaphore de « plus que » aux vers 9, 10, 11, 12, 13 et 13 crée une répétition qui peut paraître longue et excessive. Cette lourdeur s’explique car du Bellay, pendant son voyage à Rome, avait pour seule attente de rentrer chez lui, une attende donc longue et pénible. Cette dernière est accentuée par l’anaphore de « reverrais-je » (v.5-7) qui dépeint les sentiments d’impatience et de frustration du poète qui l’envahissent à ce moment. En effet, il n’a aucune idée quand il aura l’opportunité de rentrer chez lui et ne peut qu’attendre incer
tain de son avenir. Il espère donc que le temps passera plus vite ce qui est retranscrit dans le poème.

 


      Si la fuite du temps a une place importante dans ce poème, il est cependant intéressant de remarquer l’omniprésence du lyrisme dans celui ci. Cette présente est traduite en premier lieu par l’utilisation de la première personne du singulier avec, « je » (v.5-7), « mon » (v.5-12-13), « ma », « me », et « mes ». Puis par le champ lexical de l’intimité comprenant les expressions « vivre entre ses parents » (v.4), « mon petit village » (v.5), « fumer la cheminée » (v.6), « le clos de ma pauvre maison » (v.7) et « une province » (v.8). Ces utilisations caractérisent le lyrisme dans ce texte.
Ensuite, on observe dans la première strophe une opposition entre les deux premiers vers et les deux suivants. En effet, les deux premiers vers faisant référence aux héros grecs que du Bellay admire montrent l’espoir et les attentes de celui-ci envers son voyage. Ces sentiments sont coupés dans leur élan lorsque le poète est déçu par la ville de Rome. Cette coupure est accentuée par les mots « Et puis » (v.3) et « Hélas » (v.5).  L’expression de ces sentiments inscrit la présence du lyrisme.
     Enfin, les nombreuses comparaisons montrent la préférence et l’attachement du poète pour son pays natal. En effet, dans la seconde strophe, on peut lire les adjectifs « petit » (v.5) et « pauvre » (v.7) dont l’annotation est apparemment péjorative mais à connotation méliorative dans ce cas puisque le poète décrit ces endroits comme « une province et beaucoup d’avantage », ce qui crée un paradoxe. Dans les deux dernière strophes, on remarque de nombreuses comparaisons superlatives comme par exemple : «  le séjour qu’ont bâti mes aïeux » et « des palais romains le front audacieux » ou « le marbre dur » et « l’ardoise fine ». Avec celles-ci, l’auteur nous fait entrer dans son intimité en exprimant sa préférence pour son pays, certes assez pauvre, au dépend de Rome, à l’histoire riche
.

 

       Pour conclure, ce poème est marqué par la fuite du temps dévastatrice et le lyrisme malheureux du poète. La fuite du temps est un thème récurrent à toute les époques dans la littérature, que ce soit pendant le Moyen-Age avec Charles d’Orléans et “Le temps a laissé son manteau” ou durant les Temps-Modernes avec Ronsard et « A Cassandre puis Jean de la Fontaine et « La jeune veuve ». Cependant, elle ne prendra pas la même valeur et passera de consolatrice à destructrice.

 

Mauriane A., seconde section internationale, mars 2020.

 

  

 

 

 

 

 

 

 


Date de création : 14/03/2020 @ 16:53
Dernière modification : 24/03/2020 @ 14:10
Catégorie : Copies d'élèves 2019/2020
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