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Commentaires 1ère FLS

Les commentaires proposés ci-dessous ont été rédigés dans les conditions de l'EAF écrite, le 17 octobre 2007. La spécificité de la classe de 1ère FLE/FLS autorisait pour ce premier devoir l'usage du dictionnaire.

Ces quelques exemples de devoir peuvent aider les élèves qui sont en cours d'acquisition de la méthodologie du commentaire, et peuvent aussi servir de support à une éventuelle remédiation.

Ce devoir surveillé ponctuait la séquence n°1 de l'année, consacrée à l'étude d'un mouvement littéraire et culturel du XVIIIème siècle, la philosophie des Lumières. La séquence s'animait autour des lectures analytiques de quatre extraits (Montesquieu, L'esclavage des nègres et un extrait des Lettres persanes, le début du chapitre III de Candide de Voltaire, et de l'incipit du Paysan parvenu, de Marivaux).

 

Le texte proposé ici en commentaire est l'article "Guerre" émanant du Dictionnaire philosophique portatif (1764) de Voltaire :

 

 

 

Voltaire, "Guerre", Dictionnaire philosophique, 1764

Un généalogiste prouve à un prince qu'il descend en droite ligne d'un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d'apoplexie : le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu'elle ne le connaît pas, qu'elle n'a nulle envie d'être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre ; il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire.

Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n'en traînèrent à leur suite.

Des peuples assez éloignés entendent dire qu'on va se battre, et qu'il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s'ils veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à quiconque veut les employer.

Ces multitudes s'acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s'agit.

Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s'unissant et s'attaquant tour à tour ; toutes d'accord en seul point, celui de faire tout le mal possible.

Le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain.

 

 

 

Code des couleurs :

-1ère étape de l'introduction : présentation de l'époque et du mouvement littéraire.

-2ème étape  de l'intro : présentation de l'auteur et de l'oeuvre dont est tiré le texte à commenter.

-3ème étape : présentation de l'extrait.

-4ème étape : annonce des axes de lecture.

-Connecteur logique.

-Amorce d'un axe de lecture.

-Rappel de l'axe de lecture en cours.

-Transition.

-1ère étape de la conclusion : rappel des axes de lecture du devoir.

-2nde étape de la conclusion : Ouverture.

 

Code des couleurs : ce guidage méthodologique ajouté aux copies elles-mêmes est destiné à faire de ces productions d'élèves un potentiel outil d'élaboration de futurs devoirs, ou encore de remédiation ou de correction.

 

Commentaire de Michaela C. : (NB : le numérotage des lignes dans la copie de Michaela ne correspond pas forcément à celui du texte ci-dessus).

 

 

 

 

 

 

 

 

Le XVIIIème siècle fut celui des grands bouleversements au niveau de l'ordre social et de la puissance politique. Les événements historiques du siècle avaient pour origine une idéologie incarnée dans la philosophie des Lumières. Ce mouvement intellectuel et littéraire se caractérise par la critique de tout ce qui ramène à l'irrationel, à l'intolérance, et au despotisme.  Par ailleurs, les philosophes du mouvement tels que Voltaire visent une société plus libre, plus juste, plus égalitaire et sur laquelle règne une raison absolue.  Dans son Dictionnaire philosophique portatif, Voltaire, écrivain et philosophe de l'époque, développe les principaux thèmes de la philosophie des Lumières. Dans l'article "Guerre", Voltaire montre comment celle-ci est l'inverse de tout ce que valorise la philosophie des Lumières. Il fait la satire de la guerre pour dénoncer celle-ci ainsi que ceux qui la mènent. Voltaire fait sa dénonciation en montrant comment la guerre est sans base justificative.Voltaire ajoute à cela une critique virulente de la monarchie absolue.

 

 

 

Tout d'abord, Voltaire présente la guerre comme un phénomène sans justification. Il souligne le fait que la guerre est complètement dénuée de raison. La guerre n'a pas d'autres cause que la volonté illogique de quelques princes.Un prince la déclenche et puis "les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon leur pouvoir" (l 15/16). Les raisons pour lesquelles les princes mènent leurs pays en guerre sont fondées sur l'arbitraire absolu, un raisonnement qui n'aboutit à rien.Voltaire insiste encore sur cet aspect de l'irrationnel en évoquant "ces multitudes [qui] s'acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s'agit" (l 23/24). La guerre est ainsi représentée comme étant le résultat de l'impulsion de quelques "puissances belligérantes". Elle n'a donc pas d'autre fondement qu'une volonté confuse sans idée directrice et donc sans sens, sans raison.

En outre, Voltaire représente la guerre comme étant cachée derrière une façade qui donne l'illusion de l'ordre et de la raison. Le prince, après avoir trouvé un grand nombre d'hommes, "les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire" (l 12/14). Il est question de faire beau, de faire semblant. Pourtant, d'après la façon dont Voltaire les décrit, toutes ces précautions, caractéristiques du déroulement de la guerre, ne sont rien sauf un mensonge. Cela nous rappelle une bande d'enfants qui se déguisent en soldats et jouent à la bataille. De plus, les derniers mots, "marche à la gloire" (l 14) sonnent de façon très ironique. La gloire n'a rien à  voir. Cette impression de fausseté est renforcée à la fin du texte par la phrase "le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain" (l 29/31). Ici on a les mots "merveilleux" (l 29), "bénir" (l 30), et "Dieu" (l 31), qui s'opposent aux termes "infernale" (l 29), "meurtriers" (l 30) et "exterminer". On pourrait parler de champs lexicaux de l'illusion et de la réalité, de champs lexicaux antithétiques, formés par des hyperboles particulièrement parlantes.  De plus, le premier groupement de mots renvoie à la religion. C'est en effet la religion qui sert à masquer tous les méfaits des hommes. C'est alors une question d'imposer de l'ordre où il n'y en a pas à travers la religion comme si on y trouvait une explication de la guerre dans la destinée des hommes et dans la volonté de Dieu. Mais ce sont des artifices qui ne cachent pas la vérité : la guerre n'a pas de fondement.

 

 

 

Voltaire présente donc l'origine de telles guerres irraisonnées comme étant la volonté de quelques princes. C'est ainsi qu'on peut parler de la critique de ces princes et de ce qu'il représentent, c'est-à-dire la monarchie absolue. D'une part, Voltaire traite de la nature arbitraire et infondée du droit divin. Il commence en parlant de "généalogiste", ce qui donne un faux air scientifique. Pourtant celui-ci se change vite en absurdité.On va du généalogiste vers une sujet d'échanges de propriété en lieux distants et temps passés pour finir avec l'affirmation du "droit divin" (l 6) d'un prince. De plus, le narrateur qualifie celui-ci d' "incontestable" (l 11). L'ironie ici est très forte car non seulement le droit de ce prince au pouvoir n'a rien à faire avec une divinité quelconque, mais en outre il n'a pas de droit du tout. Ce serait plutôt après le "consentement" (l 9) du peuple, un choix libre de sa part, que le prince pourrait prendre le pouvoir de dirigeant mais cela est un contre-sens lorsqu'on parle de monarchie absolue.  La monarchie absolue de droit divin est alors illégitime, sans fondement, et injuste.

De plus, Voltaire met en évidence la manière dont la guerre n'est que la manifestation la plus grave et la plus meurtrière de la manipulation égoïste du peuple de la part des princes. Les princes rassemblent des armées pour mener des guerres de princes, des guerres de pouvoir qui n'ont rien à voir avec le peuple. Les princes attirent les plus pauvres avec la promesse d'argent : "Des peuples assez éloignés entendent dire qu'on va se battre, et qu'il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s'ils veulent être de la partie" (l 19/21). Cette manipulation perfide aboutit à une violence extrême, chaotique. Voltaire exprime cela à travers des hyperboles. C'est ainsi qu'on parle d'hommes "plus de meurtriers mercenaires que Gangis Khan, Tamerlan, Bajazet n'en traînèrent à leur suite" (l 17/18). Avec l'anaphore de "tantôt", Voltaire insiste encore sur l'aspect chaotique ("tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq" (l 24/25)). C'est ainsi que Voltaire insiste sur la portée meurtrière des exigences des rois, de leur manipulation du peuple pour leurs propres interêts sans tenir compte de combien d'hommes vont tomber sur les champs de bataille.  Cette manipulation est donc une caractéristique impardonnable de la monarchie absolue .

 

 

 

A travers son article "Guerre", Voltaire arrive à dénoncer à la fois la violence extrême de ces guerres et les monarchies absolues qui mènent leurs peuples à se sacrifier pour une cause qui n'est point.  Voltaire, comme d'autres philosophes des Lumières tels que Diderot et Damilaville, dénonce la guerre en soulignant son caractère destructeur pour la société. C'est quelque chose d'arbitraire, d'irrationnel, et de condamnable. Ces philosophes luttent pour une société libre qui n'a plus à répondre aux volontés de princes illigitimes. On sent la révolution qui arrive.

 

 

 

 

Michaela C. (Etats-Unis d'Amérique), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, octobre 2007. EAF juin 2008 : 16/20 (écrit), 18/20 (oral).

 

 

 

 

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Commentaire de Cordelia M. :

 

 

  

          L'article "Guerre" du Dictionnaire philosophique portatif écrit en 1764 par VOLTAIRE comporte les éléments du mouvement littéraire au XVIIIème siècle : la philosophie de Lumières. Voltaire, un philosophe des Lumières, était engagé dans le combat contre les injustices politiques et sociales, le fanatisme, l'absolutime monarchique et l'autorité arbitraire grâce à la connaissance rationnelle, trop souvent absente au XVIIIème siècle. Dans ce texte, Voltaire fait une dénonciation de la guerre, de la monarchie et de la religion par le biais de l'ironie.

 

 

 

          Dans un premier temps, on étudiera comment Voltaire dénonce la monarchie ou le pouvoir absolu. Tout d'abord, on remarque après avoir lu le texte que l'origine de la guerre décrite est une famille noble qui existait "il y a trois ou quatre cents ans" dont "la mémoire ne subsiste plus". Cela est déjà un signe d'ironie qui montre bien le pouvoir des nobles à l'issue des guerres. L'injustice est évoquée aux lignes 5 et 6 ou le prince décide "sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin". Cela évoque le pouvoir arbitraire en place et l'injustice envers le peuple qui "a beau protester qu'[il] n'a nulle envie d'être gouverné  par lui; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement". Cette tournure met en évidence l'absence de pouvoir du peuple, qui n'est pas écouté. Au contraire, le "droit" du prince "est incontestable". L'anaphore du verbe "entendre" aux lignes 15 et 19 montre bien que le peuple a besoin, a envie d'être écouté. l'injustice est à nouveau évoquée aux lignes 5 et 26: "trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt un contre cinq", cette dégradation montre bien l'injustice introduite par la guerre mise en place par "le droit [...] incontestable" d'un prince, et par extension des princes en général.

 

 

 

          La guerre est également dénoncée à la ligne 11 :  "un grand nombre d'hommes qui n'ont rien a perdre" sont déguisés " d'un gros drap bleu" et de "chapeau[...] avec du gros fil blanc". Le syntaxe de la phrase place le prince comme le sujet et les hommes comme des objets, il y a une réification des hommes : "il les habille", " [il] les fait tourner". De plus, ces "hommes" sont pervertis : à la ligne 17 ils deviennent de "meurtriers mercenaires". L'absurdité de la guerre est décrite  aux lignes 23 et 24 où l'on s'aperçoit que "les multitudes s'acharnent [...] sans savoir même de quoi il s'agit". L'antithèse  "le merveilleux de cette entreprise infernale" (l. 29) montre bien que l'on est dans un registre satirique.

 

 

 

            Enfin, Voltaire attaque la religion. Au dernier paragraphe, on constate trois antithèses. L'antithèse formée par "merveilleux" et "entreprise infernale" ; "chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux" sous une tournure inclusive qui prend en compte toutes les peuples, "invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain". En outre, cette phrase produit également un chiasme: "chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu avant d'aller exterminer son prochain". Cette symétrie met en évidence les similitudes entre toutes les peuples qui font la guerre, et les différences entre ce qui fait l'Homme (ou ce qui dicte l'Eglise) et la parole de Dieu, et donc l'hypocrisie de l'Homme.

 

 

 

           En conclusion, le texte de Voltaire est un texte fidèle à la philosophie de Lumières. Il combat les injustices et le règne arbitraire en place. Comme d'autres philosophes de l'époque,  Rousseau ou  Montesquieu par exemple, Voltaire  dénonce la guerre également dans Candide , avec  un regard naïf : il utilise là encore le registre satirique.

 

 

 

Cordelia M. (Colombie), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, octobre 2007.  EAF juin 2008 : 10/20 (écrit), 15/20 (oral).

 

 

 

 

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Commentaire d'Alberto M. :

 

 

   Extrait du "Dictionnaire philosophique portatif", oeuvre de Voltaire (auteur du XVIIIème siècle appartenant au mouvement de la philosophie des Lumières fondé sur les idéaux de liberté, d'egalité et de tolérance, qui combattait la monarchie et utilisait tous les ressources littéraires dont il disposait pour instruire et informer le peuple, croyant que c’était la maniére d'atteindre la democratie) publiée en 1764, est axé sur trois axes principaux: d'un coté les aristocrates, d'un autre la réaction du peuple face aux choix de ceux-ci et finalement une critique directe de la guerre.

 

 

 

 

    D'abord, dans ce texte, on trouve une critique de l'hypocisie et l'irrationnel qui guident les choix des princes, qui pour le fait de qu’ "un gééealogiste" (l.1) leur ait prouvé qu'ils descendent "en droite ligne d'un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille [...] avec une maison qui avait des prétentions éloignées sur une province" (l.1-4), décide que "cette province lui appartient de droit divin" (l.6). Cette justification de l'occupation, la conquête d'une province et de son peuple, "qui [...] a beau protester qu'il ne le connait pas" (l.7-8), n'est absolument pas suffisante, mais puisque son droit est divin, il "est incontestable" (l.11). C'est complètement inadmisible, mais quand même Voltaire réussit à ne rien dire directement, échappant ansi la censure, et présentant tout sous la forme d'une acception dans un dictionnaire.

    Ensuite, on peut voir avec quelle indifférence ce prince, qui est représentatif de tous les princes de cette époque, traite les peuples qu'il veut conquérir avec l'excuse du "droit divin" (l.6), même si ces peuples se trouvent "à quelques centaines de lieues de lui" (l.7). Les paroles de ces gens ne sont même pas ecoutées, comme le permet de voir la phrase "ces discours ne parviennent même pas aux oreilles du prince" (l.10). Cela à une autre explication: le prince n'a aucune influence réelle, il n'est qu'une figure et ce sont les conseillers qui décident pour lui. Par la suite, il prend "un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre" (l.11-12), leur donne de l'argent et les habille en uniforme de soldat pour ainsi "marcher à la gloire" (l.14), ce qui veut dire affirmer sa conquête et protéger la province en minimisant le risque de rebellion.

    Par ailleurs, le dernier paragraphe, avec le second, permet de constater que ces princes sont des vrais hypocrites, puisqu’ après la conquête et la fête avec les soldats, il utilise "des meutriers mercenaires" (l.17) pour affirmer son contrôle, et s'il y a une bataille (le christianisme blâme la violence) elle est faite au nom de Dieu. Il y a deux antithèses qui renforcent cette hypocrisie: "Le merveilleux de cette entreprise infernale" (l.29), qui fait allusion au degré d' atrocité de la guerre, et "bénit ses drapeaux [...] avant d'aller exterminer son prochain", qui montre une hypocisie même dans le domaine religieux, car on ne peut pas assasiner au nom de Dieu. Mais toute cette guerre ne les affecte qu'économiquement (c'est rare qu'un prince meure dans une bataille), ceux qui meurent sont des gens du peuple. Qu'est-ce qu'ils ont à dire dans cette affaire? Pourquoi ne se rebellent-ils pas?

 

 

 

 

   En fait, la raison est d'un côté économique, une autre cause est l’ ignorante, etégalement l’égoïsme. Bien sûr, au debut, la province affectée proteste, comme on l’a vu dans le premier axe, mais un mur d'ignorance protège le prince de leurs paroles, qui utilise son "pouvoir divin" (l.6) pour convaincre une partie de la population et ainsi gagner la confiance et le respect du peuple (les petits soldats présents dans la province). Alors, quand le peuple croit pouvoir se tranquilliser, il y a un autre prince qui arrive et répète la même opération, d’ autres encore après lui, et finalement un dernier. Ce peuple est alors engagé dans une guerre dans laquelle il se bat pour des causes qui ne sont pas les siennes. Mais, puisqu'il y a " cinq à six sous à gagner par jour" (l.20), ils vont mourir volontiers (ces cinq à six sous employés pour créer un contraste avec le "drapeau bleu de cent-dix sous l'aune" (l.13) qui est utilisé pour les soldats).

    Puis ces gens, en ignorantles raisons pour lesquelles ils se battent, vont sur des lieux assez eloignés de leurs foyers ("des peuples assez éloignés" (l.19)) pour lutter de façon absurde. Cela montre un certain parallélisme avec un auteur beaucoup plus recent, Georges Brassens, qui finit sa "Ballade des gens qui sont nés quelque part" avec: “Ils sortent de leurs trous pour mourir à la guerre, les imbéciles huereux qui sont nés quelque part”. Ces "moissonneurs" (l.21) deviennent alors des vrais instruments appartenant à la vanité, au désir de pouvoir des princes européens. Cela est, bien sûr, contraire aux idéaux des philosophes des Lumières, qui voulaient que les gens réfléchissent par eux-mêmes et ne fassent pas des choses illogiques rien que pour gagner quelques sous (et encore moins si ce qu'ils font, c'est se suicider en emportant le maximum de gens avec eux). Son but est d'arrêter ce que les gens du peuple font volontiers: la guerre.

 

 

 

 

     Bien sûr, la guerre est une réalité qui a toujours été présente en toute societé, mais pas avec une irrationnalité telle que celle-ci. On ne peut pas comparer la légendaire guerre de Troie avec cette boucherie dans laquelle les gens se battent sans motif autre que l'argent avec des gens qui peuvent être leurs voisins en des lieux qui n'ont aucune importance réelle pour eux. La comparaison hyperbolique de ces princes avec "des chefs meurtriers" (l.30) et avec "Gengis Kanh, Tamerlan et Bajazet"(l.17) n'est donc pas si loin de la réalité: ces gens amènent des pauvres paysans qui devraient couper le blé à couper les têtes de leurs adversaires, pour qu'au lieu de faire couler le vin dans leur fêtes, ils fassent couler le sang impur de leurs ennemis abreuvant leurs sillons, et eux vont prier ces princes de leur montrer le chemin qui descend droit vers l'enfer ("vont vendre leurs service à quiconque veut les employer" (l.22)). Comme cela, les gens déjà pauvres s'appauvrissent encore plus, puisque les champs sur lesquels les armées passent sontirrecupérables et les familles des morts perdent celui qui normalement les nourrisait, et les gens riches s'enrichissent encore plus, les gagnants ont des nouveaux territoires et les perdants ne se voient presque pas affectés, car la guerre avait lieu bien loin de chez eux.

   Finalement, l'auteur nos fait voir l'idiotie de ces guerres, les atrocités qui ont lieu sur les champs de bataille, comme le permettent de voir des phrases telles que "toutes d'accord en un seul point, celui de faire tout le mal possible" (l.28) ou le rythme ternaire "tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq" (l.25-26), qui est suivi d'un autre rythme ternaire: "se détestant [..], s'unissant et s'attaquant". De plus, à partir du deuxième paragraph,e il y a un vocabulaire péjoratif qui sert également à continuer la dénonciation : "meurtriers mercenaires" (l.17), "battre" (l.19), "s'acharnent" (l.23), "puissances belligérantes" (l.25), "se détestant" "s'attaquant" (l.27), "mal" (l.28), "infernale" (l.29), "meurtriers" (l.30) et "exterminer" (l.31). Les allitérations en "r" et "t", présentes parfois en même temps dans le même mot ("droite" (l.1), "trois" (l.2;25-26), "quatre" (l.2;26), "prétentions" (l.4), "appartient" (l.6), "protester" (l.7), "être" (l.8-20), "trouve" (l.10), "tourner" (l.13), "autres" (l.15), "meurtriers" (l.17-30) (le fait de que ce mot soit répété et non pas remplacé par un synonyme peut montrer que l'auteur voulait lui donner une importance majeure), "trainèrent" (l.18), "battre" (l.19), "intérêt" (l.24), "trouve", "belligerantes" (l.25), "autres" (l.27), "tour" (l.27-28), "entreprise" (l.29) et "exterminer" (l.31)), évoquent les tambours, les canons et la mousqueterie ; bref, le bruit de la guerre. Cet axe est un bon exemple de la manière dont les philosophes des Lumières utilisaient toutes les ressources littéraires qui étaient à leur disposition pour critiquer ce qu'ils n'aimaient pas.

 

 

 

 

    En conclusion, on peut dire que ce texte est une critique acide d'un aspect de la societé, de toutes les sociétés, assez importante, et qui traite ses conséquences à travers tous les échelons sociaux (de la haute aristocratie au bas peuple). Cet aspect étant, bien sûr, la guerre. Cela est quelque chose que la plupart, sinon la totalité, des philosophes des Lumières ont fait, comme on peut le voir dans Candide (aussi écrit pour Voltaire) et dans d'autres oeuvres d’ auteurs tels que Marivaux ou Montesquieu. Cette critique, comme on l’a dit, n'est pas forcément sans valeur aujourd'hui, puisque même de nos tours, on manipule et utilise le peuple dans les guerres pour des raisons économiques (la guerre d'Irak, par exemple, dont il paraît évident que son but était de contrôler le petrole, et non pas de venger les attentats du 11 septembre, malgré ce que le très respectable et exceptionellement intelligent président Bush dise), et sûrement, cela s'est passe de même dans l'Antiquité (même si les documents dont on dispose aujourd'hui ne suffisent pas pour affirmer que c'etait ainsi). Comme a dit M. l'ex-deputé du congrès d'Angleterre apres l'interview de M. Broch dans le film Sicko, "Si on a de l'argent pour tuer autrui, pourquoi ne pas l'utiliser pour le soigner?".

 

 

 

Alberto M. (Espagne), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, octobre 2007.

 

 

 

 

 

 

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Date de création : 12/11/2007 @ 09:48
Dernière modification : 07/10/2009 @ 10:46
Catégorie : Copies d'élèves (2007/2008)
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