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Dissertations 1ère FLS

Devoir du 12.12.2007.

 

Corpus : quatre fables de La Fontaine (Le chêne et le roseau, Le villageois et le serpent, L'homme et la couleuvre, Le pouvoir des fables) et une réécriture de Jean Anouilh de Le chêne et le roseau.

 

Sujet : Selon vous, à quoi tient davantage le pouvoir des fables : au récit ou à la morale? Vous appuierez votre réflexion sur des exemples précis tirés du corpus ou de vos lectures personnelles.

 

 

 

Code des couleurs :

 

Introduction :

 

1ère étape : phrase d'appel, amorce.

2ème étape : repérage de la problématique.

3ème étape : reformulation de cette problématique.

4ème étape : annonce du plan, c'est-à-dire des thèses.

 

Développement :

 

 

Conclusion :

 

1ère étape : rappel des thèses du devoir.

2nde étape : ouverture.

 

 

Code des couleurs : ce guidage méthodologique ajouté aux copies elles-mêmes est destiné à faire de ces productions d'élèves un potentiel outil d'élaboration de futurs devoirs, ou encore de remédiation ou de correction.

 

 

Dissertation de Michaela C. :

 

 

 

          Au XVIIème siècle, Jean de la Fontaine renouvelle, enrichit la fable en créant une véritable art littéraire. La Fontaine fait de la fable un oeuvre poétique alors qu'auparavant on ne la voyait que comme un travail de rhétorique. Le récit, le "corps" de la fable tient désormais une position plus importante puisqu'il a aquis son statut poétique. C'est alors qu'une question se pose : à quoi tient d'avantage le "pouvoir de la fable": au récit ou à la morale? Est-ce que le pouvoir poétique du récit a une imporance supérieure au rôle didactique de la morale? La morale garde certes une valeur considérable en ce qui concerne l'intégrité de la fable mais le récit présente une autre façon de persuader le lecteur, une façon souvent plus efficace.

 

 

 

          Tout d'abord, la morale reste importante en ce qui concerne la fonction instuctive ou argumentative de la fable. Il est nécessaire de prendre en compte le fait que la morale nous guide dans la lecture de la fable. Elle nous aide à comprendre le récit. Souvent dans les Fables de la Fontaine, plusieurs arguments sont présentés dans le récit. C'est le cas dans certaines fables telles que "Le vieillard et les trois jeunes hommes". La morale nous guide pour identifier quel personnage a raison ou bien lequels des arguments est le plus juste. C'est alors qu'on voit clairement dans "Le viellard et les trois jeunes hommes" que le vieil homme a raison. Il faut profiter du moment présent parce qu'on n'est jamais sûr de son avenir. En plus de diriger le lecteur dans ses choix d'arguments, la morale peut contribuer à sa compréhension de la fable en détaillant de plus près les conséquences du récit. La morale nous aide à juger de ces conséquences. La Fontaine conclut la fable "L'homme et le couleuvre" par les vers suivants:

"Si quelqu'un desserre les dents,

C'est un sot. -J'en conviens: mais que faut-il faire?

-Parler de loin ou bien se taire."

Cette morale conclut un récit qui pourrait être déroutant. Elle le met en contexte, elle l'affirme. Elle nous aide à comprendre les relations déréglées décrites entre l'homme et les animaux et elle nous donne une solution modérée, rassurante. La morale nous sert à mieux comprendre le récit, à le conclure.

          De plus, la morale nous présente une leçon claire et concise donnant un enseignement de façon directe. Souvent les morales des fables sont présentées à la fin du récit. Elle consiste alors en quelques vers, facilement mémorisables, qu'on pourrait prendre pour de petites maximes. On retrouve de telles morales dans des fables commes "Les animaux malades de la peste", "Les Obsèques de la lionne", ou encore "Le villageois et le serpent". La Fontaine mène à terme cette dernière fable avec le quatrain suivant :

"Il est bon d'être charitable;

Mais envers qui? C'est là le point.

Quant aux ingrats, il n'en est point

Qui ne meure enfin misérable".

Cette morale résume un récit de façon claire. Le récit, assez violent, bénéficie d'une conclusion qui nous aide à le "digérer" à la fin, à le résumer et à en tirer l'essentiel, l' "âme". C'est en présentant une conclusion claire et distincte que la morale de la fable résume, en quelques lignes, la leçon qu'on est censé en tirer.

 

 

 

          En revanche, alors que la morale nous présente la leçon de la fable, le récit nous persuade de la véracité de celle-ci et la renforce, ce qui fait adopter au récit une position vitale. Tout d'abord, le récit peut nous rappeler des leçons déjà acquises ; c'est-à-dire que le récit peut faire allusion à d'autres oeuvres pour soutenir notre compréhension de la morale. Dans "L'homme et la couleuvre", La Fontaine fait allusion aux Géorgiques de Virgile avec le vers "ce long cercle de peines". Un autre exemple serait les allusions à L'Iliade d'Homère et encore aux Géorgiques qu'on retrouve dans "Les deux coqs". A travers de telles allusions, La Fontaine fait mieux comprendre les "peines" du boeuf et les lie à une situation générale. Avec les références à L'Iliade, La Fontaine évoque de façon d'autant plus efficace et amusante l'orgueil et l'absurdité des deux coqs et de leur combat. En se servant du récit comme d'un moyen de faire allusion à d'autres oeuvres, La Fontaine renforce la morale et rend la fable d'autant plus forte.

          En outre, à travers le récit, le fabuliste peut attirer le lecteur, lui donnant un rôle dans le dénouement. Au sein des fables, on retrouve souvent du discours direct, un sorte de débat entre personnages. La Fontaine ne se contente pas seulement de donner au lecteur le rôle d'observateur de tels débats. L'auteur semble interpeller le lecteur, le solliciter, l'inviter à participer. C'est alors qu'on retrouve à plusieurs reprises des exemples de l'emploi du pronom personel "notre" ou encore une référence à "nous" ("Le vieillard et les trois jeunes hommes"). C'est que les fables représentent un discours continu dont le lecteur fait partie ("Nous sommes tous d'Athène en ce point; et moi-même,/ Au moment que je fais cette moralité" -" Le pouvoir des fables"). Il ne s'agit pas d'une simple collection de maximes, de morales à mémoriser. L'argument forme une sorte de dialectique à travers les Fables. La Fontaine semble conclure à la fin d'une fable seulement pour reprendre le même thème ailleurs. Cette dialectique, dont le lecteur fait partie, sert à attirer son attention, à lui faire mieux comprendre une vision générale.

              Enfin, un récit rendu poétique enrichit la fable et aide à nous persuader de sa morale. La Fontaine a écrit : "une fable nue apporte de l'ennui". C'est que le récit avec une richesse de tournures stylistiques et une diversité de registres qui interpellent les émotions du lecteur le rend plus sensible à la leçon, la faisant ainsi mieux comprendre. C'est dans sa fable "Le pouvoir des fables" que la Fontaine le dit le plus clairement. Le fabuliste s'adresse à un Ambassadeur en lui disant :

"S i votre esprit plein de souplesse,

Par éloquence, et par adresse,

Peut adoucir les coeurs, et détourner ce coup,

Je vous sacrifierai cent moutons."

C'est que les discours longs, même s'ils sont bien articulés ne valent pas une fable. Le peuple "par l'Apologue réveillée,/ se donne entière à l'Orateur." C'est alors que les mots secs de la morale ont besoin de l'accompagnement du récit qui rend vive et intéressante la leçon et qui, par sa subtilité et sa richesse d'expression, fait que le lecteur peut sentir intuitivement la morale au lieu de simplement la comprendre.

 

 

 

          On peut donc conlure qu'alors que la morale garde une position importante dans la fable, le récit, enrichi par Jean de La Fontaine, renforce la leçon de la fable et la rend plus parlante, plus expressive. Il ne faut pourtant pas en conclure qu'on peut faire des fables sans morale. Le "corps" et l' "âme" de la fable sont indissociables et sont ce qui donne à la fable sa nature d'apologue. C'est avec cette association que le fabuliste peut réussir à rendre une leçon qui touche le lecteur, qui l'éclaire et qui l'incite à en lire davantage.

 

 

Michaela C., 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007. (EAF juin 2008 : 16/20 à l'écrit, 18/20 à l'oral).

 

 

 

 

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Dissertation de Mirella L. :

 

 

 

          Les fables ont toutes une visée argumentative qui, par le biais d’une moralité, servent à instruire les hommes. Au XVIIème siècle, l’époque caractérisée par le Classicisme s’imposant en France sous le règne de Louis XIV, la fable connaît un énorme succès grâce à Jean de La Fontaine qui part à la recherche d’une art nouveau pour raconter une petite histoire plaisante. Malgré l’inspiration des auteurs de l’Antiquité comme Phèdre, Esope, ou encore Abstemius au XVIème siècle, les fables seront le fruit d’un nouvel enrichissement. L’histoire racontée comporte un récit et une morale qui jouent un rôle très important. Mais à quoi tient davantage le pouvoir des fables : au récit ou à la morale ? Autrement dit, est-ce le récit ou est-ce la morale qui apporte davantage au pouvoir, à la vrai richesse des fables ? Dans un premier temps, nous allons dire que le pouvoir des fables est davantage soutenu par le récit mais que le rôle de la morale peut se révéler très important et très riche.

 

 

 

          Tout d’abord, il est possible de penser que le pouvoir des fables tient davantage au récit. Le corps de la fable est très plaisant aux yeux du lecteur qui se sent concerné. Le récit se compose d’un dialogue entre personnages qui peuvent être soit humains, soit animaux. Entre ces personnages, il peut y avoir des confrontations d’arguments et des critiques, des préjugés. C’est le cas dans « Le vieillard et les trois jeunes hommes », fable dans laquelle La Fontaine critique les préjugés, la vieillesse face à la jeunesse, tout en mettant en scène des personnages archétypaux: tout lecteur pouvant s’identifier se sent ancré dans l’histoire racontée. Ainsi, il semble bien que le récit soit la partie la plus importante de la fable.

          De plus, le pouvoir des fables tient davantage au récit grâce à la visée illustrative : en effet, le récit apporte une ressource à la fable mais aussi à la morale. Il joue le rôle d’exemple et d’illustration de ce que la morale veut nous apprendre. Nous pouvons dire que l’histoire racontée illustre clairement, par le biais de vivacité et de l’originalité, la vraie leçon qu’un lecteur éclairé doit tirer. Nous pouvons prendre exemple, même, sur l’apologue de Cazotte intitulé Aventure de Pèlerin, qui met en scène une histoire racontée et qui apporte une double ressource à l’histoire elle-même et à la morale. Là encore, le récit apparaît comme la partie de la fable qui lui confère son pouvoir.

          Enfin, le récit apporte à la fable une énorme richesse poétique et stylistique : la fable évoque d’autres genres. Grâce à la versification, aux procédés stylistiques qui se trouvent dans le récit, la fable est mise en relation avec la poésie. Tout en étant une figure vivante, par le biais des dialogues entre personnages, la fable s’approche d’autres genres littéraires : le conte ou la nouvelle et aussi le théâtre. En effet, la fable peut très bien être jouée et être théâtralisée par acteurs et comédiens, par exemple dans « Le vieillard et les trois jeunes hommes » et dans « Les obsèques de la lionne » où le fabuliste utilise à ce propos un discours direct théâtralisable. Cette richesse stylistique que nous trouvons dans le récit, apporte aux fables un pouvoir majestueux obtenu par le poète.

 

 

 

          Par ailleurs, derrière le récit, se cache la morale utile, et instructive à l’homme. Ne serait-elle pas d’autre part, elle aussi, un soutien intense aux fables? Tout d’abord, il est possible de croire que « le pouvoir des fables » tient davantage à la morale car celle-ci à une valeur instructive. Elle apporte aux hommes des enseignements, des leçons, qui sont très utiles dans la vie courante, d’hier mais encore d’aujourd’hui. En plus d’être instructive, la morale a une double caractéristique : elle est prescriptive. En effet, elle joue le rôle de donner aux hommes des conseils. Prenons l’exemple de « Les deux coqs » de Jean de La Fontaine. Cette fable conseille, autrement dit, la morale conseille les hommes de ne point trop se réjouir après des réussites et des victoires car l’avenir est imprévisible et la situation peut se renverser : le vaincu devient vainqueur, et le vainqueur qui certes se croit digne et se montre prétentieux après sa victoire, devient le vaincu. Ainsi, cette morale, qui est le fruit d’un travail efficace accompli par l’auteur, semble bien donner à la fable la majeure partie de son pouvoir.

          De plus, la morale est très importante car elle est définie atemporellement, elle est valable à toutes les époques. Nous pouvons très bien illustrer cet argument en nous appuyant sur les Fables de Jean de La Fontaine. Ce génie poétique critique les comportements, les vices, les traits de l’homme du XVIIème siècle, mais cependant, l’homme n’a point trop changé, ni évolué. L’hypocrisie, l’envie, l’avarice, l’injustice, la lâcheté ou bien la jalousie sont des comportements humains qui restent et demeurent dans la société contemporaine, dans la société du XXIème siècle. Nous pouvons citer, à ce propos, la fable, «Les obsèques de la lionne », qui dénonce l’hypocrisie des courtisans, la vanité et la naïveté des rois ou bien « Les deux taureaux et une grenouille », fable dans laquelle le fabuliste dénonce la vanité des grands et leur domination sur les petits. La morale nous parle encore aujourd’hui et elle reste valable à toutes les époques. C'est donc elle qui constitue la partie la plus importante de la fable.

 

 

 

          En conclusion, nous pouvons affirmer que la morale ou l’âme de la fable et le récit ou le corps de la fable jouent un rôle très important dans le fond, la forme et le contenu de la fable. L’union, la fusion de la morale et du récit montrent la grande maîtrise de Jean de La Fontaine, que jamais le genre de la fable n'avait connu auparavant. Bien que le récit soit l’illustration de la morale, l’âme de la fable relate bien la pertinence de l’écriture de l’auteur, et sa capacité intellectuelle. Aujourd’hui, la morale des fables est souvent retranscrite sous forme de proverbes. Ne seraient-ils pas pour l’humanité, des armes idéales, pour combattre les défauts de la nature humaine ?

 

 

Mirella L. (Italie), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007. (EAF juin 2008 : 10/20 à l'évrit, 16/20 à l'oral).

 

 

 

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Dissertation de Lina Y. :

 

          La fable comme genre littéraire a des origines datant de l’Antiquité et pourtant c’est grâce au grand fabuliste du XVIIème siècle Jean de La Fontaine qu’on peut lire d' autres fables qui ressemblent peu aux anciennes. L’enrichissement de la fable et surtout de son corpus nous amènent à nous poser une question : où donc le “pouvoir des fables” est-il davantage représenté : dans le récit où dans la morale? Pour mieux comprendre la problématique il faut voir d’abord le pouvoir du récit et comprendre ensuite celui de la morale.

 

 

 

          Tout d’abord, il faut dire que la puissance du récit de la fable est évidente, ce qu’on ne peut pas dire des récits des fables de l’Antiquité. On peut en juger par sa dimension, car le récit constitue la plus grande partie de la fable et pour la morale il ne reste que quelques vers (quatre d’habitude). Souvent, si la morale est implicite, elle se trouve dans le récit lui-même, comme dans la fableLe Chêne et le Roseau”. Dans ce cas on peut dire que le récit a un certain pouvoir car son importance est double : raconter au lecteur l’histoire afin d’en tirer une leçon ensuite.

          Cependant, on peut noter que l’un des indices les plus evidents du pouvoir de la fable, c’est l’utilisation d’un exemple. Ce qui est important pour le lecteur dans la fable, c’est de se reconnaître soi-même dans le personnage archétypal. Cela provoque un effet de confrontation du lecteur avec l’un des personages et en conséquence, il arrive à comprendre son défautet les défauts de la sociétéégalement. Dans la fable “Le vieillard et les trois jeunes hommes”, il ne s’agit pas d’un vieillard concret mais d’un archétype, avec lequel n’importe qui peut se comparer soi-même.

          En même temps, il y a une cause qui fait évidemment se distinguer le récit de la morale. C’est grâce aux figures stylistiques et aux procédés qui évoquent les différents registres  qui ne sont pas partiquliers pour une simple fable que l’auteur rend le récit plus vif et intéressant. La Fontaine utilise souvent une allégorie ou une personnification dans ses fables : ce sont les plantes comme le chêne et le roseau dans la fable “Le Chêne et le Roseau”, des animaux dans “Les obsèques de la Lionne”, des allégories dans “La Mort et le Mourant”. La Fontaine utilise égalementles champs lexicaux très variés pour que le lecteur puisse mieux imaginer la situation. Ce sont des antithèses, des oxymores, le changement de ton, l’ironie et beaucoup d’autres procédés que l’on trouve dans le récit qui font “sentir” la fable que le narrateur raconte au lecteur. On peut alors dire que cela aussi donne du pouvoir au récit.

 

 

 

 

          Bien que la puissance du récit soit vue par le lecteur tout de suite, on doit également parler  du pouvoir de la morale. Quelles sont les causes de l'importance de la morale? Premièrement, on peutsûrement dire que la morale contient la conclusion de la fable que le lecteur doit en tirer. C’est le point fort de la fable. Dans la morale, souvent, il n’y a pas de personages qui étaient dans le récit et il y a moins de figures du style. Dans la morale, le point de vue du narrateur est parfois identique à celui de l’auteur, comme dans “Le Villageois et le Serpent”. Or, la leçon

que le lecteur doit comprendre se trouve dans la morale.

          Enfin, on peut montrer le pouvoir de la morale qui réside dans son laconisme. Très brièvement, mais d’autre part d’une manière très efficace, le fabuliste pour conclure dit les points principaux de la fable. Par exemple, dans “Le pouvoir des fables”, l’idée principale est dite en deux vers: “Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant Il faut l’amuser encor comme un enfant”. Donc, on peut dire que cela constitue un indice du pouvoir de la morale.

 

 

 

          La question "à quoi tient davantage le ” pouvoir des fables”" ne peut pas avoir une réponse exacte, car la fable n’existerait pas sans le récit ou sans la morale. Toutefois, ces deux éléments sont également importants. Grâce à La Fontaine, la fable est devenue un genre littéraire très populaire et pas seulement parmi les lecteurs éclairés. C’est une leçon, mais c’est leçon qui veut plutôt nous faire éviter les défauts d’une manière légère et parfois même gaie. C’est pourquoi la fable a dépassé les siècles et tout le monde les lit aujourd’hui encore.

 

 

Lina Y. (Ukraine), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007  (EAF juin 2008 : 11/20 à l'écrit, 17/20 à l'oral).

 

 

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Dissertation de Cordelia M. :

 

 

          Au XVIIème siècle, la France est soumise à un régime monarchique. Alors que la monarchie absolue règne, La Fontaine se consacre à rendre irrationnel l'absolutisme royal. Dans son recueil intitulé Fables, il dénonce à sa manière unique et indirecte le roi et sa cour sans sortir du cadre classique. Dans ses fables, il cherche à amuser et instruire son lecteur avec des morales ancrées dans le quotidien. On parle du "pouvoir des fables" qui tient aux procédés stylistiques utilisés par le fabuliste et à sa manière de présenter son point de vue. Dans un premier temps on étudiera l'importance de la morale dans la fable, avant d'aborder dans un second temps l'importance du récit, pour finalement arriver à une fusion des deux dans un troisième temps.

 

 

 

          Certes, le "pouvoir des fables" tient à la morale. Elle représente (après tout) l'objectif du fabuliste, son point de vue sur la société, le message qu'il veut délivrer. La morale est celle qui instruit, dans "La jeune veuve", c'est la morale qui est placée au début, même si ce n'est pas souvent le cas, cela montre bien l'importance de celle-ci. La Fontaine veut faire passer son message sur l'inconstance humaine au cours du temps. La morale est bien la clef du "pouvoir des fables".

          D'autre part, dans "Les animaux malades de la peste", le récit ne sert que d'exemple alors que la morale reste universelle et atemporelle. La remarque sur le "puissant ou misérable" qui, lors d' un jugement, sera rendu "noir ou blanc", est toujours valable aujourd'hui. Même si la démocratie en matière de justice n'est pas comparable à la monarchie, on subit encore des injustices et  la corruption. Alors que le récit, qui met en scène la peste, n'est plus d'actualité. La morale est donc très puissante face au récit.

 

 

 

          Néanmoins, le "pouvoir des fables" tient davantage au récit. On peut dire que dans quelques fables, sans le récit, il n'y aurait pas de morale. C'est le cas dans "Le vieillard et les trois jeunes hommes" ou la morale est implicite et La Fontaine laisse au lecteur le soin de la déduire du récit. Au contraire, on peut en conclure que c'est en illustrant la morale que le fabuliste fait passer son message ;  sans le récit, le lecteur ne comprendrait peut-être pas la morale. La Fontaine élabore donc le récit, il ne peut pas être supprimé.

          En outre, de nombreux procédés stylistiques contenus dans le récit enrichissent la fable en tant que genre littéraire. C'est le cas dans "Les deux coqs", où le fabuliste évoque l'Iliade d'Homère et donne à la fable un aspect burlesque.

           De plus, le récit explicite la situation dans laquelle une morale peut être appliquée. Ainsi, dans la fable "Les obsèques de la lionne", le lecteur pourrait mal comprendre la morale qui se montre immorale sans le récit alors que le récit donne une vision concrète et limite cette morale à un cadre plus réduit.

 

 

 

          Par ailleurs, le "pouvoir des fables" ne peut pas être réduit à la morale ou au récit mais à une combinaison des deux en ajoutant style et génie. Sans la morale, le récit reste inutile, mais sans le récit, la morale peut rester abstraite et incomprise comme dans "Les obsèques de la lionne".

           De plus, le "pouvoir des fables" consiste en d'autres éléments comme le contraste entre le monde animal et le monde "humain", ce que montre bien la fable "L'homme et la couleuvre" où les rôles sont inversés puisque, comme le dit la couleuvre, "le symbole des ingrats ce n'est point le serpent, c'est l'homme", et dans le reste des fables, car La Fontaine crée toute une société animalière projetant les problèmes de sa société sur celle qu'il a créée. On peut ainsi parler de fusion.

            Enfin, ce mariage entre récit et morale est illustre par la fable n°5. Celle-ci explique l'importance du récit dans la morale, ce qui montre bien l'union entre les deux.

 

 

 

          En conclusion, La Fontaine ne se limite pas à récit et morale, ses fables sont beaucoup trop élaborées pour être banalisées ainsi. Son esprit critique prépare le terrain pour le XVIIIème siècle, siècle des Lumières et de la Révolution française. Aujourd'hui ses Fables restent atemporelles, et ses leçons écrites au XVIIème siècle, on peut toujours les appliquer de nos jours.

 

 

Cordelia M. (Colombie), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007 (EAF juin 2008 : 10/20 à l'écrit, 15/20 à l'oral).

 

 

 

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Dissertation de Till W. :

 

          Depuis l'Antiquité et notamment depuis leur nouvelle adaptation par Jean de La Fontaine au XVIIème siècle, les fables sont des oeuvres didactiques d'une grande efficacité. Mais d'où vient cette puissance argumentative? Autrement dit, est-ce que l'origine de l'efficacité des fables se situe dans la morale, ou dans le récit, ou bien est-elle fondée sur la collaboration de ces deux parties?

 

 

 

          Tout d'abord, on peut considérer que la morale, appellée aussi „l'âme de la fable“, comporte les pouvoirs didactiques car elle donne au lecteur la leçon à apprendre.

De plus, la morale précise la thèse du fabuliste, ce qui rend la leçon beaucoup plus évidente et facile à comprendre. Par exemple, dans le texte trois du corpus „Le Villageois et le serpent“ de La Fontaine, il n'y a qu'un seul paragraphe qui est dédié à la moralité. Cette structure met visuellement la morale en évidence, et donc la leçon de la fable apparaît très nettement.

          De même, la morale se trouve souvent à la fin d'une fable, ce qui clarifie son importance. Cette position fait aussi en sorte que le lecteur se souviennede la moralité plus longtemps que du reste de la fable. Jean de La Fontaine a beaucoup utilisé ce fait par exemple dans „Les obsèques de la lionne“ ou „Le pouvoir des fables“, le cinquième texte du corpus : dans ces deux fables, la morale se situe à la fin.

Ces deux faits soutiennent l'idée que „l'âme“ de la fable constitue aussi le pouvoir d'une fable.

 

 

 

          Toutefois la thèse directe présentée par la morale n'est pas suffisament convaincante. Pour cela, elle a besoin d'exemples précis qui l'illustrent. Ces exemples sont présentés par le récit d'une fable, lequel donc comporte une certaine puissance didactique.

          De plus, le récit laisse place à des confrontations d'arguments différents qui à la fois supportent la thèse du fabuliste et réfutent les thèses contraires. Cette méthode est utilisé dans „Les obsèques de la lionne“ quand le cerf et le lion discutent. Mais aussi dans „L'homme et la couleuvre“ et notamment dans les deux discours du „Vieillard et les trois jeunes hommes“. Dans ces fables de Jean de La Fontaine, on voit très bien les pouvoirs de la fable fondés dans le récit.

          En outre, surtout après l'enrichissement du genre de la fable par La Fontaine, le récit comporte beaucoup de possibilités pour rendre la fable plus intéressante, plus plaisante et plus convaincante. Cela se fait par l'utilisation de différentes procédés stylistiques et aussi par l'évocation d'autres genres littéraires. Par exemple, les conversations au discours direct trouvées dans presque toutes les fables comme „Le chêne et le roseau“, „L'homme et la couleuvre“, „Le Vieillard et les trois jeunes hommes“ et d'autres, rappelent le théâtre au lecteur. En outre, la versification des fables et la densité des figures de style dans certaines passages évoquent la présence de la poésie dans les fables. Au XVIIème siècle, Jean de La Fontaine a repris la versification des fables de Phèdre. La Fontaine utilisait aussi l'évocation de la poésie surtout dans l'argumentation des personnages favorables à sa propre thèse comme celle du cerf dans „Les obsèques de la lionne“ ou du vieillard dans „Le Vieillard et les trois jeunes hommes“. D'après ces possibilités on peut conclure que c'est le récit qui donne le pouvoir à la fable.

 

 

 

          Mais comme le récit et la morale possèdent chacun une certaine puissance argumentative et la possibilité de supporter l'autre, il est évident que „le pouvoir“ d'une fable n'appartient pas à une seule partie mais est bien fondé sur leur collaboration.

D'abord le récit tout seul n'est rien qu'une histoire. Elle peut être intéréssante à cause de ses possibilités mais sans l'effet didactique d'une moralité, on ne peut pas l'appeler „fable“.

          Enfin, la morale tout seule n'est rien qu'un conseil. Ce conseil peut bien être utile et vrai mais qui va s'intéresser à lui? Pour cela, la morale est accompagnée du récit. Le récit la rend plus intéressante, et va inciter avec ses différents aspects des lecteurs divers à lire et apprendre la leçon proposée par le fabuliste. C'est la raison pour laquelle la fable a un tel pouvoir, parce qu'elle réunit les avantages des deux parties: le récit et la morale. Il suffit de prêter attention à la déclaration de La Fontaine lui-même: „Le récit est le corps de la fable et la morale est son âme.“ Cette métaphore met en évidence le rapport de dépendance entre le récit et la morale.

 

 

 

          Finalement, la fable est par définition une oeuvre didactique. Pour diffuser sa leçon, elle a besoin de l'efficacité. Celle-ci est donnée par une thèse précisement exprimée et des exemples qui l'illustrent. Ces deux causes de l'efficacité sont partagées dans les deux parties de la fable : la morale est l'énonciation de la thèse et le récit donne les exemples. L'importance de chacune de ces parties varie selon les fables mais leur synergie est essentielle. Alors on peut conclure qu'elles comportent toutes deux une part du „pouvoir de la fable“ qui change selon leur pondération mais le maximum de l'efficacité résulte de la présence des deux. Puisque cet équilibre est difficile à trouver, la fable est devenue par l'oeuvre de Jean de La Fontaine un genre littéraire reconnu et est devenue de l'art. L'art littéraire est fondé sur la réunion du fond du texte et de la manière dont il est exprimé, et  la réunion de la morale et du récit s'inscrit dans ctte perspective.

 

Till W. (Allemagne), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007 (EAF juin 2008 : 14/20 à l'écrit, 17/20 à l'oral).

 

 

 

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Dissertation d' Ivel G. :

 

 

 

          La fable est un genre littéraire particulier,qui d´un côté a pour but d´amuser et d´un autred´enseigner une leçon. L´apologue contient deux grandes parties : le récit et la morale. Le récit représente le corps et la moralité l´âme. Mais lequel des deux éléments cités est plus important ? Autrement dit, sur quelle partie s'appuie le plus l'auteur pour attirer l'attention de son lecteur ; quelle partie a plus de chance de convaincre le destinataire ? Le récit apporte beaucoup d'informations, rend l'oeuvre
plus vivante, plus complète et intéressante, mais c'est la moralité qui nous apprend à être meilleur. Au contraire, la morale ne serait jamais comprise, s'il n'y avait pas touts les explications du récit.


          Tout d'abord, les auteurs utilisent le récit comme un camouflage de leur vraie arme : la moralité. Le récit ne fait qu' amuser le lecteur, il donne trop d'informations qui ne sont pas toujours utiles. Par exemple, dans l'apologue « Les obsèques de la
lionne », La Fontaine s'éloigne de son sujet. Il raconte des généralités sur la vie des courtisans, de même, il décrit dans détails la cérémonie pour la mort de la reine. L'écrivain améliore la fable avec des compléments, qui peuvent être évités. La moralité, sans eux ou avec eux, reste presque toujours la même. Par exemple, les textes numéro 3 et 4 ont  différénts récits, les caractéristiques des personnages sont
inversés (une fois l'homme joue un rôle positif, l'autre fois le serpent), mais malgré tout la leçon ne change pas, elle est toujours contre l'ingratitude.
          De même, dans la 4ème fable « L'homme et la couleuvre » (Fable VIII, 4),qui est encore une parabole de La Fontaine, certains éléments peuvent être ignorés. L'auteur dénonce la situation racontée, et il le fait de façon très originale, mais il donne au destinataire une grande quantité d'informations. Dans la conversation des deux principaux héros (le paysant et le serpent), interviennent d'autres personnages (la vache, l'arbre). Le lecteur peut être convaincu sans tout cela. Le fabuliste dépense trop d'imagination pour que son oeuvre finale soit complète : il décrit, il utilise de nombreux procédés stylistiques, il s'appuie sur les rimes pour rendre la fable plus intéressante - il le fait juste pour que finalement, on adhère à sa thèse, sa
moralité.                                            
                                                     
             

                                         
                   D'autre part, la morale est plus importante, car c'est elle qui apprend aux gens à être meilleurs dans leurs relations avec les autres. Le récit  raconte bien une histoire imagée, qui, en fait, illustre la leçon de l'auteur. Mais dans la majorité des cas, quand le récit est séparé de la moralité par un alinéa, on n'a pas besoin de savoir toute l'histoire pour la comprendre. Par exemple, dans le texte numéro 3, « Le villageois et  le serpent », toujours de La Fontaine, la leçon est placée a la fin du récit, et le lecteur comprend  sans aucun problème ce que l'écrivain a voulu dire. Il est vrai que le fabuliste pose des questions rethoriques dans la moralité, mais le destinataire n'a pas besoin d'avoir lu le récit pour se les expliquer, il peut se répondre avec sa propre expérience.

          Dans «  Les obsèques de la lionne » (où la morale est située à la fin de la fable) et aussi dans « La jeune veuve » (avec une morale située au début de la fable) de La Fontaine, il y a encore une fois le phénomène de la séparation de la leçon avec le récit. Donc on en déduit que le récit finalement peut être supprimé. En effet, la fable est comme un cadeau bien décoré : on ouvre l'emballage et on le jète, mais ce qui se cache sous le papier-cadeau, on le garde pour toujours. C'est exactement le cas avec les fables : on lit tout mais le seul élément qu'on en retire, ce sont les leçons morales qu'elles nous offrent.   


                    Les fables sont extraordinaires, exceptionnelles  car non seulement elles amusent, mais elles nous apprennent aussi quelque chose. Leurs morales sont atemporelles et éducatives, avec plus d'avantages pour persuader le lecteur. Mais est-ce que le destinataire est capable de les comprendre sans le rôle du récit ? Le corps de la fable nous décrit, à premier vue, une histoire banale, animalière ou quotidienne, qui semble ne rien apprendre. Mais tout de même, on est obligé de passer par elle, pour arriver jusqu'au le point final : la moralité. Mais si on regarde plus profondément, on va se rendre compte que c'est exactement le récit qui déclenche notre intérêt. Tout d'abord, le corps de la fable représente le talent de son auteur. Le récit est la partie la plus grande de l'oeuvre, donc l'écrivain a assez  de place pour s'exprimer, pour utiliser le maximum des procédés et de figures stylistiques. Par exemple, dans l'apologue « Les deux coqs », on remarque dans le récit  diverses périphrases du registre brulesque avec les comparaisons (L'Iliade  et
la basse-cour), des chiasmes, une tonalité ironique. Tous ces élements rendent la lecture plus vivante, intéressante et agréable. Dans le texte « Le chêne et le Roseau », Jean Anouilh réécrit  la fable de La Fontaine, en utilisant un vocabulaire plus moderne, mais en gardant la versification. Les différentes rimes, dans ce cas aussi, attirent l'attention du lecteur. Donc on peut dire que les rythmes et les images dans le récit donnent une force et originalité à la fable.
          En outre, le récit a des avantages aussi, car si le récepteur n'est pas averti, il ne va jamais comprendre directement la morale. Autrement dit, le lecteur a besoin du corps de la fable, car dedans il va trouver une explication plus facile, imagée, qui va lui permettre de retenir la leçon. En mettant le destinataire dans une situation quotidienne, ordinaire, comme dans les  fables « Le vieillard et
les trois jeunes hommes » et «  La jeune  veuve » (fables de La Fontaine), l'écrivain  lui offre la possibilité de s'identifier aux personnages. Le lecteur commence à vivre avec l'histoire, avec la fable et il a l'impression que lui seul découvre la moralité. Donc, même si on a dit que la morale est la partie la plus importante de la fable, cela ne va pas dire qu'elle a plus d'avantages pour convaincre. Le récit donne l'aspect excepcionnel de l'oeuvre. « Le pouvoir des fables » renforce cette thèse. Cette fable
nous raconte comment même le meilleur fabuliste ne sera jamais écouté, s'il n'y avait pas le récit pour attirer l'attention de son auditoire. Les morales sont toujours les mêmes, elles nous intéressent  plus, mais le récit, la manière dont est rédigée l'oeuvre,nous attire.



                 En conclusion, on déduit que même s'il y a deux opinions possibles, même s'il existe deux points de vue différents- un qui dit que la moralité est plus importante et l'autre qui défend le récit, on ne peut pas juger. La fable est un genre particulier, exactement grâce à ces deux parties, il n'y en a pas une qui a plus d'avantages que l'autre.  Elles sont liées, le corps et l'âme sont inséparables, comme chez les être humains. On croit qu'elles se divisent juste après la mort, mais les fables sont encore vivantes, elles nous parlent encore aujourd'hui, donc on ne peut pas noter leurs parties individuellement.                                     
                                   

 

Ivel G. (Bulgarie), 1ère FLS, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, décembre 2007 (EAF juin 2008 : 07/20 à l'écrit, 13/20 à l'oral).

 

 

 

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Date de création : 17/01/2008 @ 14:00
Dernière modification : 18/03/2009 @ 13:18
Catégorie : Copies d'élèves (2007/2008)
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