Relisez attentivement Ondine, d’Aloysius Bertrand (GT2) (voir poème ci-dessous). Composez à votre tour un poème en prose, traitant de la thématique de votre choix (dans les limites des convenances scolaires, naturellement), et obéissant aux contraintes suivantes :
Votre texte devra être de registre lyrique.
Votre production sera composée, comme Ondine, de cinq strophes ou paragraphes, à peu près d’égale longueur, et terminé(e)s par une ponctuation forte.
Le poème se décomposera en deux parties typographiquement distinctes, séparées par une étoile. (Les trois premières strophes et les deux dernières séparées d’une étoile.)
Les trois premiers paragraphes seront rédigés entre guillemets, au discours direct : un personnage s’adresse à un autre, en le tutoyant.
Les deux dernières strophes seront au discours indirect : ce n’est plus le même personnage qui parle, c’est le poète (vous, ou votre « narrateur-poète ») qui commente ce qui vient d’être dit, et qui parle du personnage à la troisième personne du singulier (comme dans Ondine).
Vous utiliserez l’anaphore d’un verbe à l’impératif dans au moins deux paragraphes, comme dans le poème initial.
Votre texte comportera deux allitérations et deux rythmes ternaires (au moins), à chaque fois signalés d’un signe + dans la marge. Ces deux sonorités devront pouvoir être interprétées dans la perspective du contenu de votre production.
Toute référence culturelle pertinente est valorisée.
Ondine
... Je croyais entendre
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Poème en prose sur le modèle d' Ondine d'Aloysius Bertrand (in Gaspard de la nuit)
Un sentiment
« -Attends ! -Attends ! Ne pars pas maintenant : écoute-moi, ne m'abandonne pas avec le silence. Les diamants de la nuit se moquent de moi : je ne peux ressembler à celui qui brille de mille éclats ; pourtant, je veux être digne de ce roi qui sommeille pour le moment.
» Tes yeux se ferment ? Alors ne me regarde pas, je te guiderai au son de ma voix. Demande-lui de t'accorder un moment, et dis lui ce que je ressens. Apporte-lui les rayons de ce doux sentiment.
» -Attends ! Attends ! S'il te plaît, ne me laisse pas ! Nous sommes lundi maintenant : c'est mon jour de chance. Mais je dois m'éclipser dans peu de temps. Je t'en supplie, fais-moi cette promesse : dis-lui que je le chéris, je l'aime, je l'adore. Je désire seulement un messager : toi, et non pas ce traître de vent.
*
La Lune amoureuse disparaît ; elle veut que je conte ses sentiments au Soleil, levant. Mais je pars moi aussi : un voile blanc, il n'y a plus rien, le néant vaste et noir, je m'engouffre totalement.
Et d'une dernière pensée, d'un dernier souffle, je prie pour elle : j'espère qu'un jour elle comprendra ce sentiment ; car l'amour ne nous attend pas : il nous ensorcelle, nous foudroie, nous fait du mal et puis s'en va.
Assonance en [ã] : signe du temps qui passe sans jamais s'arrêter ; la Lune se couche alors que le Soleil se lève, le rythme de tous les jours que l'on ne peut stopper.
Allitération en [s] : allitération douce, désignant le vent (« traître de vent »)
Allitération en [r] : allitération dure, signe de la mort (imminente) du narrateur + l'amour qui « foudroie » (amour dur)
Victoria Y, avril 2013.
Un site de Lettres du lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis