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Bac blanc n°1 ; 1ère FLS

Bac blanc écrit n°1


Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIème siècle à nos jours.

Corpus :
• Texte A : La Fontaine : «Le Lion s'en allant à la guerre» (Fables, livre V, fable 19, 1668) ;
• Texte B : La Fontaine : « Les Obsèques de la Lionne» (Fables, livre VIII, fable 14, 1678) ;
• Texte C : La Fontaine : « Les animaux malades de la peste » (Fables, Livre VII, fable 1, 1678).


Texte A : La Fontaine : «Le Lion s'en allant à la guerre» (Fables, livre V, fable 19, 1668).

Le Lion dans sa tête avait une entreprise1:
Il tint conseil de guerre, envoya ses Prévôts2,
        Fit avertir les animaux :
Tous furent du dessein3, chacun selon sa guise :
       L'Eléphant devait sur son dos
       Porter l'attirail nécessaire
       Et combattre à son ordinaire,
L'Ours s'apprêter pour les assauts;
Le Renard ménager de secrètes pratiques,
Et le Singe amuser l'ennemi par ses tours.
« Renvoyez, dit quelqu'un, les Ânes qui sont lourds,
Et les Lièvres sujets à des terreurs paniques.
- Point du tout, dit le Roi, je les veux employer.
Notre troupe sans eux ne serait pas complète.
L'Âne effraiera les gens, nous servant de trompette4;
Et le Lièvre pourra nous servir de courrier.»
       Le monarque prudent et sage
       De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
       Et connaît les divers talents.
Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens5.
1. Une entreprise : le projet d'une action.
2. Prévôts : officiers et magistrats.
3. Dessein : projet.
4. Trompette : désigne celui qui joue de la trompette.
5. De sens : de bon sens.


Texte B : La Fontaine : « Les Obsèques de la Lionne» (Fables, livre VIII, fable 14, 1678).

   La femme du Lion mourut :
     Aussitôt chacun accourut
     Pour s'acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolations,
     Qui sont surcroît d'affliction.
     Il fit avertir sa Province1
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts2y seraient
    Pour régler la cérémonie,
    Et pour placer la compagnie.
    Jugez si chacun s'y trouva.
    Le Prince aux cris s'abandonna,
    Et tout son antre en résonna :
    Les Lions n'ont point d'autre temple.
    On entendit, à son exemple,
Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans.
Je définis la cour un pays où les gens,
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu'il plaît au Prince, ou, s'ils ne peuvent l'être,
    Tâchent au moins de le paraître :
Peuple caméléon, peuple singe du maître;
On dirait qu'un esprit anime mille corps :
C'est bien là que les gens sont de simples ressorts.
    Pour revenir à notre affaire,
Le Cerf ne pleura point; comment eût-il pu faire ?
Cette mort le vengeait : la Reine avait jadis
    Etranglé sa femme et son fils.
Bref, il ne pleura point. Un flatteur l'alla dire,
    Et soutint qu'il l'avait vu rire.
La colère du Roi, comme dit Salomon,
Est terrible, et surtout celle du roi Lion;
Mais ce Cerf n'avait pas accoutumé de lire.
Le Monarque lui dit : « Chétif hôte des bois
Tu ris ! tu ne suis pas ces gémissantes voix !
Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes
    Nos sacrés ongles ! venez, Loups,
    Vengez la Reine, immolez tous
    Ce traître à ses augustes mânes3.»
Le Cerf reprit alors : «Sire, le temps de pleurs
Est passé; la douleur est ici superflue.
Votre digne moitié couchée entre des fleurs,
    Tout près d'ici m'est apparue,
    Et je l'ai d'abord reconnue.
«Ami, m'a-t-elle dit, garde4, que ce convoi,
«Quand je vais chez les Dieux, ne t'oblige à des larmes.
«Aux Champs Elyséens5j'ai goûté mille charmes,
«Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
«Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi.
«J'y prends plaisir.» A peine on eut ouï la chose,
Qu'on se mit à crier : «Miracle ! Apothéose6!»
Le Cerf eut un présent, bien loin d'être puni.
    Amusez les Rois par des songes,
Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges :
Quelque indignation dont leur cœur soit rempli,
Ils goberont l'appât; vous serez leur ami.
1. son royaume.
2. ses officiers.
3. aux mânes de la reine : les mânes sont, dans la mythologie, les âmes des morts, élevées au rang de divinités auxquelles on peut faire des sacrifices.
4. prends garde que...
5. les Champs Elysées : séjour des bienheureux dans la mythologie grecque.
6. passage d'un mortel au rang des dieux.

Texte C : La Fontaine : « Les animaux malades de la peste » (Fables, Livre VII, fable 1, 1678).

Un mal qui répand la terreur,
            Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
            Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
            On n’en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
            Nul mets n'excitait leur envie,
            Ni loups ni renards n'épiaient
            La douce et l'innocente proie ;
            Les tourterelles se fuyaient :
            Plus d'amour, partant plus de joie.
Le lion tint conseil, et dit: «Mes chers amis,
            Je crois que le Ciel a permis
            Pour nos péchés cette infortune ;
            Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
            On fait de pareil dévouements
Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence
            L'état de notre conscience
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
            J'ai dévoré force moutons.
            Que m'avaient-ils fait? Nulle offense ;
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
                        Le berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut : mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
            Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien! manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,
            En les croquant, beaucoup d'honneur ;
            Et quant au berger, l'on peut dire
            Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
            Se font un chimérique empire.»
Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir.
            On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
            Les moins pardonnables offenses :
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'âne vint à son tour, et dit: «J'ai souvenance
            Qu'en un pré de moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
            Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.»
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui! quel crime abominable!
            Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait: on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.


I) Vous répondrez d’abord à la question suivante (4 pts) : quelle image du pouvoir ces trois fables proposent-elles ?

II) Dissertation (16 pts). Selon vous, à quoi tient davantage le pouvoir des fables : au récit ou à la morale ? vous appuierez votre réflexion sur des exemples précis tirés du corpus, des textes etudiés en cours ou d’œuvres que vous connaissez par vous-même.


***

Devoir de Polina V. : 

Corpus


Quelle image du pouvoir ces trois  fables proposent-elles ?

       Les textes présentés sont des œuvres de La Fontaine , l’auteur du XVIIème siècle, qui appartient au mouvement du Classicisme. Le texte A est une fable “Le Lion s’en allant à la guerre” (Fables, livre V, fable 19), compose en 1668, laquelle parle d’un conseil militaire du roi (le Lion) et de ses Courtisans. Le texte B est aussi une fable, qui s’intitule “Les Obsèques de la Lionne” (Fables, livre VIII, fable 14, 1678), dans laquelle les animaux pleurent à cause de la mort de la femme du roi. Le texte C est également une fable, “Les animaux maladies de la peste”, où les bêtes essayent de vaincre la peste, en faisant jugement, écrite en 1678.
Il serait intéressant d’étudier, quelle image du pouvoir ces trois fables proposent. Tout d’abord, on va analyser la hiérarchie à l’intérieur du pouvoir, et, ensuite, quel est le rôle du pouvoir dans la société.
  
      Tout d’abord, beaucoup des fables de La Fontaine sont des prismes de son époque. On sait bien, que au XVIIème me siècle en France on avait la monarchie absolue, le roi était Louis XIV. Donc, dans toutes ces trois fables on peut voir le roi Lion, qui représente le chef d’Etat. À coté du roi il y avait toujours les courtisans, qui lui donne les conseils et qui l’aide. Mais pour rester près du pouvoir, il faut plaire au roi. Alors, dans les fables “Les Obsèques de la Lionne” et “Les animaux maladies de la peste” les courtisans sont représentés comme les flatteurs. Par exemples, dans le texte C, quand le Lion a dit, qu’il a fait des péchés, le Renard et les autres courtisans essayent de persuader le roi, qu’il est innocent (“Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;/Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;/Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,/ Est-ce un péché?/Non, non. Vous leur fîtes Seigneur /En les croquant beaucoup d'honneur…”) Dans le texte B, les animaux ne pleurent pas, parce qu’ils sont triste, mais pour plaire le Lion (“Je définis la cour un pays où les gens/Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,/ Sont ce qu'il plaît au Prince…”)  Donc, on constate, que le chef de l’état était la figure la plus importante et pour rester à coté de lui, il faut être hypocrite.
   En outre, le pouvoir communique toujours avec le people. C’est ici, que l’on voit le vrai visage des courtisans. Ils pensent qu’à eux – mêmes, à leurs désirs et à leur vie. Dans les fables de La Fontaine, les gens du pouvoir sont représentés comme les fauves, les animaux forts et cruels (le loup, l’ours). Dans les fables “Les animaux maladies de la peste” et “le Lion s’en allant  à la guerre” c’est le pouvoir, qui décide le destin des peuples : qui va mourir, qui va survivre. Et les courtisans vont tout faire pour rester en vie, même ils ont  donné la vie d’un animal innocent (texte C) (“Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue/
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,/Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal./Sa peccadille fut jugée un cas pendable…”)

   En conclusion, on peut dire, que ce sont les fables bestiaires symboliques, qui proposent une image du pouvoir plutôt péjorative.

 

***


Dissertation


Selon vous, à quoi tient d’avantage le pouvoir des fables : au récit ou à la morale ?
  
       Un apologue, récit destiné à fournir une leçon à son lecteur, est un genre littéraire assez diversifié, puisqu’il va de le parabole religieuse du conte philosophique, en passant par la fable. Cette dernière se compose d’un corps (d’un récit) et d’une âme (la morale). Mais à quoi tient davantage le pouvoir de la fable: au récit ou  à la morale? Autrement dit, quelle est la partie la plus importante, la morale ou le récit, dans la fable? D’un côté, la morale joue le rôle central, car elle contient la leçon, mais d’un autre côté, le récit donne plusieurs possibilités de s’exprimer à l’auteur et de persuader le lecteur. Tout d’abord, on va analyser, quelle est la place de la morale dans la fable, et, ensuite, le rôle du récit dans cet apologue.

 

       Tout s’abord, la morale est une partie très importante de la fable. Premièrement, parce qu’elle contient la leçon, c’est son premier but. Mais parfois elle peut être immorale. La morale nous montre, dans les plusieurs fables, les vrais lois de la vie: que, dans les nombreuses situations, c’est le plus fort et le plus puissant, qui gagne (“Le loup et l’agneau”, où le loup, après les arguments absurdes, mange l’agneau sans raison); que parfois il faut flatter pour avoir ton but ( “Le Corbeau et le Renard”, où le Renard flatte au corbeau pour avoir le fromage),  etc. Bien sûr, dans quelques fables, on peut avoir la leçon morale, mais dans les plupart des cas l’auteur nous montre et nous prévient des vices de la société. Donc, la morale joue un grand rôle dans la fable, car elle sert à donner une leçon à son lecteur.
        De plus, la morale aide à comprendre le récit. Dans certaines fables, elle est place au début, la morale peut être considéré2 comme l’introduction ou comme  la thèse de cet apologue (“La jeune veuve”, où la femme, en perdent son époux, pense que la vie pour elle est fini aussi, mais après elle change son avis), et le récit peut être son argument. En outre, la morale peut être déductive et servir comme la conséquence  des actions passées dans le récit (“La belette et le petit lapin”,  où le lapin et la belette qui s’affrontent, avant d’avoir recours d’un chat), elle peut aussi être opposée au récit (“Le coche et la mouche”, où une Mouche croit à tort être utile et faire avancer un Coche en bourdonnant près des chevaux ou du cocher). On constate, donc, que la morale peut aider au lecteur de comprendre le récit et qu’elle a donc un rôle principal.

 

       Malgré tout, l’âme ne peut pas exister sans le corps. Le récit a une place aussi très importante dans la fable. Tout d’abord, le récit enrichit l’apologue. Dans l‘Antiquité, les fables étaient courtes, la partie principale était la morale.  La Fontaine rend le récit plus long, en ajoutant de nouveaux personnages allégoriques (“La mort et le mourant”, où un Vieillard de plus de cent ans se plaint que la Mort ne l'ai pas avertit) et les nouveaux endroits (“Le rat des villes et le rat des champs, où les deux rats visitent d’abord la maison de rat des villes et après du rat des champs). Donc pour le lecteur c’est intéressant de lire une fable riche et variée, grâce à son récit.
        En outre, le récit aide à comprendre la morale. Parfois, elle est cachée dans le récit, et pour la trouver, il faut le lire et l’analyser. Par exemple, dans la fable “Le vieillard et les trois jeunes hommes’, où la morale est “carpe diem”, autrement dit “profitez de chaque jour de votre vie”, cette leçon en implicite. Il n’y  a qu’en lisant le récit et en l’analysant que le lecteur peut comprendre la morale.
        De même, le récit aide l’auteur  à s’exprimer. Au XVIIème siècle on ne pouvait pas s’exprimer librement à cause de la censure. Donc, le récit aide le fabuliste à dénoncer les vices de pouvoir d’une manière implicite. Par exemple, dans une fable qui est une bestiaire symbolique “Les animaux malades de la peste” (dans cette fable les animaux  essayent de vaincre la peste, en faisant jugement) , l’auteur critique l’injustice des courtisans et leur hypocrisie. Donc, le récit aide l’auteur à s’exprimer; il est donc indispensable.

 

       En conclusion, on peut dire, que la morale joue un grand rôle dans la fable, car elle a une leçon et elle aide à comprendre le récit, ainsi que le récit enrichisse la fable, aide l’auteur à s’exprimer et aide à comprendre la morale. Donc ils ont les deux une place importante dans la fable. Les fables de La Fontaine étaient actuelles à toutes les époques, et parfois adoptées dans d’autres pays. Par exemple, en Russie, Ivan Krilov, s’inspirait de La Fontaine  et de ses apologues. Même encore maintenant, les fables de célèbre auteur français sont mises au goût du jour.

 

Polina V. (Russie), janvier 2019.

russie.jpg


Date de création : 22/01/2019 @ 18:00
Dernière modification : 22/01/2019 @ 18:02
Catégorie : Copies d'élèves 2018/2019
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